Si rien ne vaut la pratique et un apprentissage progressif, voici ci-dessous quelques rappels mĂ©thodologiques. Etape 1. Prendre connaissance du titre du sujet et de la consigne et en faire lâanalyse Soulignez les mots importants du titre du sujet et de la consigne que me demande-t-on de traiter ? le thĂšme et la dĂ©marche Pour quelle pĂ©riode histoire ? A quelles Ă©chelles gĂ©ographie ? Etape 2. Prendre connaissance du ou des documents Observez les Ă©lĂ©ments du paratexte titre du/des documents, auteur, date, origine, car ils peuvent fournir des indices utiles Ă lâanalyse. Faites une premiĂšre lecture du/des documents en ayant Ă lâesprit le sujet et la consigne. Posez-vous les questions suivantes de quoi parlent-ils thĂšme gĂ©nĂ©ral ? En quoi ces documents va-t-il vont-ils mâaider Ă traiter la consigne ? Etape 3. Relire la consigne et le sujet Etape 4. Identifier et sĂ©lectionner les informations RepĂ©rez les informations qui sont en relation avec la consigne. NâhĂ©sitez pas Ă Ă©crire sur le/les documents soulignez les passages intĂ©ressants, entourez les Ă©lĂ©ments importants dâun tableau, dâun document iconographique. Ecrivez directement vos remarques sur le document. Vous pouvez utiliser des couleurs diffĂ©rentes pour distinguer des thĂ©matiques. Etape 5. RĂ©pondre Ă la consigne votre rĂ©ponse doit ĂȘtre entiĂšrement rĂ©digĂ©e et contenir des paragraphes Dans un premier temps, la consigne demande gĂ©nĂ©ralement par identifier ou prĂ©senter le/les documents. Si une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale nâest pas systĂ©matiquement demandĂ©, la consigne peut vous inviter Ă Ă©clairer un ou des aspects prĂ©cis la nature, la date de crĂ©ation ou de parution et le contexte, les sources prĂ©sentation de lâauteur sâil sâagit dâun personnage important en insistant sur sa nationalitĂ© et sa fonction au moment des faits Dans un deuxiĂšme temps, la consigne appelle Ă lâanalyse. Vous devez montrer que vous avez saisi le sens gĂ©nĂ©ral. Vous devez donc citer le document, Ă©claircir les allusions. Puis Ă lâaide de vos connaissances vous devez les expliquer, les analyser. Jâidentifie dans le document des informations, des allusions Ă jâexplique par mes connaissances nâhĂ©sitez pas Ă en faire une analyse critique et Ă montrer les limites du/des documents. Si deux documents sont proposĂ©s, vous devez les confronter identifiez et expliquez les liens, les points communs et les diffĂ©rences Dans un troisiĂšme temps, la consigne peut vous demander de dĂ©gager la porter du document. Il sâagit alors de traiter en quelques lignes les consĂ©quences liĂ©es aux documents que sâest-il passĂ© ensuite ? Etape 6. Relecture Je corrige lâorthographe, le style et Ă©liminez les rĂ©pĂ©titions. Des piĂšges Ă Ă©viter Paraphraser le document sans en faire lâanalyse RĂ©citer son cours sans faire rĂ©fĂ©rence au document Donner au document une signification quâil nâa pas
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Jelui retransmets ce que j'ai appris.Ma plus grande victoire sur le génocide, c'est parler arménien avec mes filles. Notre langue, c'est notre identité. » AgnÚs Vives.
1Accompagnement. Terme irritant. Irritant car vĂ©ritable fourre-tout. OĂč le guide cĂŽtoie le musicien, le conseiller, lâentraĂźneur, le tuteur voire le mentor ou lâinitiateur. Qui renvoie Ă lâaccompagnement de la fin de vie, Ă la conduite accompagnĂ©e, Ă la recherche de lâemploi ou au partage dâun moment. Mais terme incontournable dans le paysage social depuis maintenant prĂšs de vingt ans. Ce dĂ©but de 21Ăšme siĂšcle signe une sociĂ©tĂ© fonctionnant sur le mode de lâaccompagnement. Pour le pire et le meilleur, comme dans tout arrangement dĂ©terminant mais provisoire. 2DĂšs les premiers travaux dĂ©diĂ©s Ă la question, on perçoit quâon ne saurait rĂ©duire lâaccompagnement Ă un mode uniforme, quâil dĂ©signe tant une fonction quâune posture, renvoyant Ă une relation et Ă une dĂ©marche qui, pour ĂȘtre spĂ©cifiques, nâen sont pas moins vouĂ©es Ă devoir sâadapter Ă chaque contexte et chaque matrice relationnelle Paul, 2004. Sâil Ă©tait possible alors de dresser lâinventaire des publications en se garantissant de nâen oublier aucune ou peu, quâen est-il aujourdâhui ? Que sâest-il jouĂ© au cours de ces annĂ©es ? Lâaccompagnement a-t-il pĂ©nĂ©trĂ© de façon identique tous les secteurs ? Quelles formes a-t-il privilĂ©giĂ©es ? Est-il possible dâidentifier les indices dâune Ă©laboration conceptuelle ? Peut-on repĂ©rer quelles tendances en orienteraient la pratique ? Il sâagit moins de dresser un inventaire qui prĂ©tendrait au recensement exhaustif des travaux que de se donner les moyens de rĂ©pondre Ă cette question quelles orientations conceptuelles peuvent ĂȘtre mises en Ă©vidence comme indices dâune structuration de cette pratique et que laissent-elles en jachĂšre ? 3LâentrĂ©e par les secteurs professionnels comme analyseur repose sur lâidĂ©e de vĂ©rifier sâil est encore possible dâidentifier quelques Ă©lĂ©ments de diffĂ©renciation, mĂȘme tĂ©nus, dans la conception de lâaccompagnement, ne serait-ce que par lâaffĂ»tage dâun vocabulaire spĂ©cifique. Si on utilise lĂ le terme de coaching ou de tutorat en lieu et place de celui dâaccompagnement, les pratiques dĂ©signĂ©es sont-elles radicalement diffĂ©rentes â ou bien, tout en procĂ©dant dâune contextualisation obligĂ©e, renvoient-elles Ă des Ă©lĂ©ments fondamentaux communs ? Cette investigation montre quâon ne peut concevoir lâaccompagnement que dans la diversitĂ©. Mais, si on ne peut statuer sur lâuniformitĂ© ou lâhomogĂ©nĂ©itĂ© des conceptions de lâaccompagnement, il apparaĂźt que toutes ces formes reposent bien sur un soubassement dâun univers foisonnant4Nous nous proposons dâesquisser un Ă©tat des lieux Ă travers quatre figures majeures de lâespace professionnel de lâaccompagnement le travail social, lâĂ©ducation et la formation, le secteur de la santĂ©, la gestion des emplois et des compĂ©tences insertion, orientation, ressources humaines. Dâune cĂŽtĂ©, ces quatre secteurs ne sont pas dĂ©pourvus dâindicateurs quant Ă la propagation de lâaccompagnement depuis une vingtaine dâannĂ©es. De lâautre, ils renvoient aux champs des pratiques professionnelles les plus concernĂ©es par lâaccompagnement. Câest enfin une organisation que lâinventaire des publications de ces deux derniĂšres dĂ©cennies confirme. 5En effet, cette rĂ©flexion a tout dâabord supposĂ© une prospection ayant pour objet de recueillir un historique bibliographique des productions dĂ©diĂ©es Ă lâaccompagnement. La source de cet inventaire [2] rĂ©pond au choix de tenir compte des ouvrages qui font rĂ©fĂ©rence pour les praticiens de lâaccompagnement. Sur un plan mĂ©thodologique, le lecteur ne sâĂ©tonnera pas de trouver des citations indirectes il a Ă©tĂ© choisi de laisser apparaĂźtre les rĂ©fĂ©rences sur lesquelles les auteurs qui balisent cette rĂ©flexion sâappuient pour Ă©laborer leur pensĂ©e de lâaccompagnement. 6Si 2044 ouvrages en 2008 rĂ©pondent Ă lâindex accompagnement, seuls les douze premiers titres Ă©chappent Ă lâintrusion des produits dĂ©rivĂ©s tels que les recettes dâaccompagnement, le guide, la notice, la mĂ©thode ou la partition dâaccompagnement. Mais ces douze premiers ouvrages dĂ©crivent une cartographie assez complĂšte de la pĂ©nĂ©tration de lâaccompagnement en confirmant les quatre secteurs professionnels repĂ©rĂ©s. Ils pointent tout dâabord un intĂ©rĂȘt social certain pour la question de lâaccompagnement, notamment au travers dâun de ses ancrages, celui des soins palliatifs. Ce nâest quâensuite quâon aborde ses usages particuliers comme celui de la Validation des acquis de lâexpĂ©rience VAE, le Bilan de compĂ©tences ou la conduite de changement. Puis viennent tous les moments et occasions qui lient lâaccompagnement Ă la vie quotidienne mĂȘlant lâaccompagnement de la naissance et de la mort, des souffrances et des deuils, des traumatismes, des dĂ©pendances, des incapacitĂ©s et des douleurs, lâaccompagnement spirituel, psychologique ou Ă©ducatif, lâaccompagnement des enfants et des adolescents, des malades, des victimes, des handicapĂ©s, des sans domicile fixe. Plus on sâĂ©loigne, plus on se trouve dans les usages dâobjet de lâaccompagnement notamment les documents dâaccompagnement des programmes officiels. 7Le terme tutorat » 387 titres ne prĂȘte pas Ă une telle polysĂ©mie. Il cerne tout de suite ses objets lâenseignement, la formation, le travail universitaire ou le tutorat en entreprise, avec une concentration dâouvrages avant 2000. Le terme coaching » rĂ©fĂšre seulement Ă 389 ouvrages, tous de parution rĂ©cente entre 2004 et 2008. Le terme conseil » renvoie Ă 11313 rĂ©fĂ©rences et confronte Ă pire difficultĂ© que pour lâaccompagnement la dilution du sens vient de son usage liĂ© Ă tous les actes dâune vie humaine, personnelle et professionnelle. Le conseil nâest pas ou peu lâobjet dâune conceptualisation. Les conseils sont donnĂ©s par un expert autant que par lâamie au dĂ©butant, Ă la future mĂšre ou au jeune papa, pour une vie meilleure ou pour rĂ©ussir, mĂȘme sâil renvoie Ă un mĂ©tier celui de consultant - et Ă des instances officielles le Conseil dâĂtat, le Conseil constitutionnel. 8Si lâaccompagnement comme mot et pratique sâĂ©tend, semble-t-il, indistinctement Ă travers les quatre champs professionnels que nous venons dâĂ©voquer, on peut se questionner sur la place quâils lui ont rĂ©servĂ©e. En effet, pour comprendre lâinscription paradoxale de lâaccompagnement au sein des pratiques professionnelles, on peut avoir recours Ă la mĂ©taphore du centre et de la marge, sur la base dâun principe le paradoxe survient lorsquâon perçoit que le centre visibilise Ă sa pĂ©riphĂ©rie ce quâil a besoin de se taire Ă lui-mĂȘme NĂšgre 1999. Le stigmate, construit socialement, est Ă la fois lâindice dâune faille produite dans la normalitĂ© du moment et agent actif de sa mise sous le boisseau. Mais, si on a affaire ici Ă deux Ă©lĂ©ments qui font systĂšme, câest bien parce que ce nâest quâen se diffĂ©renciant de ses marges et en permettant la circulation du sens que la centralitĂ© atteste de son statut. Ainsi lâattention portĂ©e Ă un type de problĂšme social et la rĂ©ponse construite collectivement participent finalement Ă la dĂ©finition et au maintien du problĂšme. Câest pourquoi on trouve prĂ©cisĂ©ment lâaccompagnement en marge de toutes les institutions centrales et pourquoi les professionnels sont inĂ©vitablement face Ă des situations paradoxales puisque du fait dâĂȘtre dĂ©diĂ©s Ă un type de problĂšme censĂ© ĂȘtre rĂ©gulĂ© par la fonction et des dispositifs dâaccompagnement, ils participent eux-mĂȘmes du problĂšme, de sa dĂ©finition et de son maintien NĂšgre, 1999.Câest ainsi que lâon voit, par exemple, le champ de lâĂ©ducatif avoir recours Ă lâaccompagnement qui formule son aide aux devoirs » en accompagnement scolaire » puis en accompagnement Ă la scolaritĂ© ». Mais cet accompagnement est en fait confiĂ©, hors des murs de lâinstitution, Ă des associations composĂ©es de bĂ©nĂ©voles [3]. De la mĂȘme façon, lâinstitution de la santĂ©, tout en reconnaissant une faille dans son systĂšme quant Ă lâaccompagnement de la personne, dĂ©lĂšgue le plus souvent ce service Ă des associations. Il en est de mĂȘme de lâANPE qui sous-traite Ă des cabinets privĂ©s ses dispositifs dâaccompagnement ou lâentreprise qui a recours Ă des coachs extĂ©rieurs au systĂšme. Dâune part, lâaccompagnement est censĂ© participer du changement mais, assujetti dans les marges du centre, il contribue Ă la reproduction des schĂšmes les professionnels, mĂȘme satellisĂ©s, font partie du systĂšme. De lâautre, et selon les contextes, il peut soit participer du statu quo soit contribuer Ă de nouvelles voies de rĂ©ponses, les rĂ©ponses traditionnelles ayant Ă©tĂ© identifiĂ©es comme inappropriĂ©es. Cette position pĂ©riphĂ©rique de lâaccompagnement permet en fait une marge de manĆuvre, un autrement faire » qui est aussi source potentielle de crĂ©ativitĂ© [4]. Enfin, dans la plupart des situations, il nâaura Ă©chappĂ© Ă personne que lâaccompagnement signe en quelque sorte lâĂ©chec du collectif et, sâil est socialement valorisĂ©, il nâest pas certain quâil soit valorisant pour ceux qui lâ dans le secteur du travail social9Si lâon commence cette exploration par le secteur du travail social, câest quâil est lâun des premiers Ă faire un usage professionnel du terme accompagnement. Pour autant, est-ce quâon accompagne aujourdâhui comme on le faisait il y a vingt ans ? Et si le mot dĂ©signe aujourdâhui dâautres rĂ©alitĂ©s professionnelles, quâest-ce qui a bien pu produire ce changement ?Lâaccompagnement comme changement de fonction et de posture10On peut effectivement prendre note de lâusage du terme accompagnement dans le travail social Ă travers trois auteurs. Fustier 1993 montre que lâaccompagnement dĂ©signe, dans les annĂ©es 70-80, les tĂąches liĂ©es Ă la vie quotidienne des rĂ©sidents en institution lever, repas, toilette, etc., par distinction avec les tĂąches des experts le mĂ©decin, le psychologue, le psychomotricien, le kinĂ©sithĂ©rapeute. On peut dĂ©jĂ dire que lâaccompagnement, dans cette forme premiĂšre, ne rĂ©fĂšre pas Ă ceux qui sont dĂ©tenteurs du savoir. Ensuite, on vĂ©rifiera que cette notion dâaccompagnement, si chĂšre aux travailleurs du social, nâa pas toujours constituĂ© leur posture les travaux de NĂšgre 1999 montrent comment lâĂ©ducateur spĂ©cialisĂ© est passĂ© de la fonction dâobservateur Ă prĂ©tention scientifique annĂ©es 1950 Ă celle de spĂ©cialiste de la relation Ă visĂ©e thĂ©rapeutique annĂ©es 1960 Ă la fonction actuelle dâaccompagnateur social. Toutefois, il met en garde il ne faut pas croire que ces trois logiques ne coexistent pas encore. Enfin, comme le montre De Robertis 1994, lâaction qui vise Ă soutenir une personne ou un groupe de personnes est, depuis ses origines, constitutive du travail social. Mais les termes pour dĂ©signer cette dĂ©marche ont changĂ© au cours des annĂ©es ainsi est-on passĂ© de lâassistance au 19Ăšs, Ă lâaide et la protection entre 1904 et 1930, au suivi entre 1930 et 1945, Ă la prise en charge entre 1946 et 1970, puis Ă lâapproche globale et Ă la notion dâintervention entre 1970 et 1985 et finalement Ă lâaccompagnement Ă partir de 1985, notion qui tente de se dĂ©finir par son contraire non les mots ne sont jamais neutres et tous ces termes traduisent un souci de positionner la distance Ă lâautre 11 prise en charge » gestion en extĂ©rioritĂ© des besoins de la personne conçue comme objet ; suivi » maintien dans la subordination dâun lien contrĂŽlant / Ă©mancipant, toujours en extĂ©rioritĂ© ; accompagnement » impliquĂ© dans la relation, lâaccompagnant incite lâaccompagnĂ© Ă passer dâune position de prise en charge Ă celle de sujet-acteur.Par ailleurs, la relation dâaccompagnement elle-mĂȘme est un outil utilisĂ© par le lĂ©gislateur [5] elle est inscrite en tant que telle dans le code de lâaction sociale. Elle vient rĂ©interroger les pratiques en instaurant lâidĂ©e dâun principe dâadhĂ©sion comme condition de la relation dâaccompagnement lĂ oĂč il nây a quâobligation et injonction. Câest le cas de la relation tutĂ©laire qui, par le fait de son imposition, montre que lâadhĂ©sion de la personne accompagnĂ©e est une condition de possibilitĂ© de toute forme de relation dâaccompagnement », souvent transgressĂ©e, mais qui, paradoxalement, par son caractĂšre non discutable, permet aussi aux personnes dâ investir librement le sens dâune relation qui leur est imposĂ©e » Eyraud, 2005. Lâaccompagnement apparaĂźt ainsi comme une fonction sinon nouvelle, au moins valorisĂ©e par le contexte actuel et la primautĂ© accordĂ©e Ă lâindividu. On voit ici comment cette fonction doit sa spĂ©cificitĂ© Ă se diffĂ©rencier des logiques avec lesquelles elle sâarticule, notamment des logiques de contrĂŽle et de prise en charge avec lâavĂšnement de lâaccompagnement, la personne accompagnĂ©e est elle-mĂȘme partie prenante de la relation au sein de laquelle se jouent son projet et les conditions de son insertion sociale et travaille ainsi, peu ou prou, au guidage ou au paramĂ©trage dâautrui en tant que sujet capable de faire preuve dâautonomie en exerçant sa capacitĂ© Ă Ă©voluer au sein de situations problĂ©matiques le projet est lâoutil de cette autonomisation. De lĂ dĂ©coule la question Ă©thique. On voit donc que lâaccompagnement se trouve pris dans le systĂšme qui le gĂ©nĂšre puisque câest par rĂ©fĂ©rence au problĂšme social du moment et au climat thĂ©orique ambiant que lâĂ©ducateur est appelĂ© Ă dĂ©coder les situations-problĂšmes et Ă rĂ©flĂ©chir son mode dâaction NĂšgre, 1999. DâoĂč le glissement identifiĂ© par Lerbet-SĂ©rĂ©ni 1999 du paradigme constructiviste au paradigme de lâautonomie [6], pointant sur les questions dâautorĂ©fĂ©rence, dâautoĂ©valuation, et sur la prise en compte du flou, de lâindĂ©cidable, du paradoxal. 12Lâaccompagnement dans ce secteur est ainsi liĂ© NĂšgre, 1999au dĂ©veloppement dâactions territorialisĂ©es impliquant le fonctionnement en rĂ©seau autour dâun objectif commun et un partenariat afin de disposer dâune palette de possibilitĂ©s mais ayant comme effet secondaire inattendu dâun rĂ©trĂ©cissement de la marge de manĆuvre de chaque corps professionnel ;Ă la centration sur les cas sociaux adultes en risque dâexclusion installant lâaccompagnement dans la visibilisation du problĂšme et entretenant la confusion entre politiques dâinsertion et accompagnement ;Ă lâĂ©volution des sciences sociales dont il reflĂšte la conception des rapports du sujet et du social il valorise lâinteraction verbale et une conception du rĂ©el apprĂ©hendĂ© comme une construction, produit des relations entre les sujets ;par consĂ©quent, Ă la valorisation de concepts tels que celui dâ la notion dâaccompagnement sâinstaure sur la base dâun ensemble de caractĂ©ristiques telles que la considĂ©ration globale de la personne et la personnalisation des projets en dĂ©coulent. La conception et la mise en Ćuvre de ces projets incombant aux professionnels ainsi que la nĂ©gociation avec les partenaires, lâaccompagnement, par son ajustement aux contraintes sociales, se constitue comme champ de tensions accompagnement individualisĂ© ou gestion de masse ? », autonomisation ou conformisation ? » NĂšgre, 1999. On perçoit lĂ que lâaccompagnement, bien que centrĂ© sur un objet-tiers le projet, est encore en tension entre lâintersubjectivitĂ© au sens strict et une rĂ©elle visĂ©e dâaider au positionnement rĂ©flexif dâ comme ingrĂ©dient dâun changement institutionnel13Selon Danancier 1999, lâaccompagnement social peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un des Ă©lĂ©ments dâune clinique institutionnelle avec sa double fonction thĂ©rapeutique et apprenante. Pour lâauteur, si le thĂ©rapeutique concerne lâinteraction de lâindividu avec lâautre et a pour champ lâindividualisation ; lâapprentissage vise lâinteraction de lâindividu avec les situations conçues dans une perspective Ă©ducative et son champ est celui des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales liĂ©es Ă lâautonomisation. Cette double fonctionnalitĂ© sâappuie sur trois principes. Lâaccompagnement social sâadresse Ă la question de lâavenir et pose la reprĂ©sentation dâun usager en mouvement, en progression possible. Il nâexiste pas de parcours standard mĂȘme au sein dâune population identifiĂ©e par une mĂȘme difficultĂ©. LâidĂ©e de catĂ©gorie devient suspecte mais son effacement trĂšs relatif et avec elle la notion de programme. Lâobjet du travail social nâest plus seulement lâacquisition dâapprentissages dĂ©limitĂ©s parler, Ă©crire, se dĂ©placer il prĂ©tend englober toutes les dimensions de la vie affective, intellectuelle, environnementale et plus prĂ©cisĂ©ment lâinteraction entre ces dimensions Danancier, 1999. 14Le projet individualisĂ© au nom de ces principes devient un enjeu Ă©thique de lâaccompagnement en liant deux notions clefs lâĂ©valuation du parcours de lâusager et son adhĂ©sion aux actions qui lui sont proposĂ©es, Ă dĂ©faut de toujours pouvoir ĂȘtre nĂ©gociĂ©es avec lui [7]. Il nĂ©cessite donc un environnement institutionnel capable dâanalyser les Ă©lĂ©ments de cette dynamique qui instaure un des dilemmes de la fonction dâaccompagnement accompagner et/ou Ă©valuer et, Ă la suite accompagner et/ou modĂ©lisation du lien dâaccompagnement15Si on voit, au travers des travaux prĂ©cĂ©dents, apparaĂźtre lâaccompagnement en tant que fonction et posture, câest au lien dâaccompagnement que se consacrent les travaux de Fustier 2000. ConsidĂ©rant que le cĆur de lâaccompagnement est bien la relation, il importe pour lui de comprendre la nature du lien qui se tisse avec autrui. Or la relation dâaccompagnement, en sâinstitutionnalisant, confronte Ă une mission paradoxale donner de soi Ă autrui et ĂȘtre payĂ© pour le faire. Ainsi Fustier dote-il la relation de caractĂ©ristiques fortes puisquâelle exige dâĂȘtre pensĂ©e en termes dâĂ©quilibre rĂ©sultat du contrat ou de dĂ©sĂ©quilibre rĂ©sultat du don. Le lien asymĂ©trique apparaĂźt pour lâauteur comme une posture dĂ©fensive permettant au professionnel dâĂ©viter dans la relation tout trouble Ă©motionnel et de se protĂ©ger contre toute identification Ă lâautre. Mais offrir Ă lâaccompagnĂ© la reconnaissance dâune identitĂ© de semblable, suspendre provisoirement lâasymĂ©trie afin de produire une reconnaissance de la personne comme sujet, porte le risque de sacrifier tout ou partie des Ă©lĂ©ments diffĂ©renciateurs qui dĂ©finissent la position professionnelle et de provoquer ce retour Ă la similitude conduisant Ă la confusion des places. 16Or, et câest sur cette base que se dĂ©veloppe la rĂ©flexion de Fustier, tout lien dâaccompagnement est plus ou moins saturĂ© par ces deux variables un Ă©change contractuel mode de socialitĂ© primaire et un Ă©change par le don socialitĂ© secondaire. Par lâinstitution, les personnes reçoivent des services qui posent la question de pourquoi fait-il cela ? ». Accompagner, câest permettre que cette question soit soulevĂ©e parce quâelle fait problĂšme, autoriser cette dĂ©marche voire la favoriser mais ne pas en donner rĂ©ponse qui Ă©toufferait la question » car accompagner, câest aussi accompagner la question de lâĂ©nigme dâautrui » Fustier, 2000. Que le professionnel tente de dire quelle est sa place, sa position dans lâĂ©change, ce quâil en est du problĂšme qui se pose, et il interrompt la dĂ©marche Il lui faut au contraire pouvoir et savoir rester dans une ambiguĂŻtĂ© suffisante, proposer de lâindĂ©cidable, afin quâune Ă©laboration soit possible du cĂŽtĂ© de la personne » Fustier, 2000. Seule la capacitĂ© Ă diffĂ©rencier ce qui relĂšve de la sphĂšre de lâagir professionnel de celle des projections interpersonnelles permettra au professionnel de tolĂ©rer pour son propre compte lâambiguĂŻtĂ© de sa position. La contenance du paradoxe en rĂ©sulte. Lâaccompagnement sâen trouve liĂ© Ă la mise en Ćuvre des conditions permettant lâinstauration dâun travail de la pensĂ©e de la part de lâaccompagnĂ© Fustier, 2000. 17Ces perspectives, prenant en compte lâinstitutionnalisation de la relation dâaccompagnement, contribuent donc Ă une modĂ©lisation du lien qui ne relĂšve nullement de ce qui va de soi » et au questionnement Ă©thique qui en dĂ©coule. Ce que Fustier Ă©voque sans le dĂ©velopper, câest que le rapport de soi Ă lâautre est devenu, en un siĂšcle, problĂ©matique. Il rĂ©sulte probablement et parallĂšlement de la thĂšse dâune identitĂ© liĂ©e Ă la reconnaissance de lâautre dâoĂč procĂšde le principe dâaltĂ©ritĂ©, de la reconnaissance de lâautre comme semblable au-delĂ des diffĂ©rences et de lâavĂšnement de la conception dâun sujet rĂ©flexif. Celui-ci est alors dĂ©fini par un mode de subjectivitĂ© le dotant dâune intĂ©rioritĂ© qui ne sâĂ©difie que par un retour sur lui-mĂȘme. Le gain attendu de cette conception est que tout sujet se constitue au principe de son ĂȘtre et de ses actions par un acte de conscience Olivier 2008.Lâaccompagnement comme Ă©thique de la reconnaissance ?18Lâaccompagnement est bien indissociablement liĂ© Ă un contexte sociopolitique. Et, si lâon suit les travaux dâI. Astier 2007, câest dâun grand renversement » que rĂ©sultent ces gestes qui orientent les nouvelles rĂšgles du social activer, reconnaĂźtre, se rapprocher, personnaliser, accompagner, responsabiliser ». De quel renversement sâagit-il ? Celui de la dette sociale La sociĂ©tĂ© nâest plus redevable envers les individus ce sont les individus qui doivent faire montre de leur adhĂ©sion pour ĂȘtre protĂ©gĂ©s ». La consĂ©quence de ce protĂ©ger autrement » est le dĂ©veloppement de la culture de soi comme culture de masse la culture de lâindividualitĂ© sâest muĂ©e en une injonction Ă lâautorĂ©alisation dans un contexte de responsabilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e » Astier, 2007. Au dĂ©tour, la solidaritĂ© sâest glissĂ©e dans une coquille neuve lâaccompagnement fait passer de la relation dâaide Ă lâaide Ă la relation. Il ne sâagit plus dâexercer une pression, Ă©mancipatrice ou contrĂŽlante, mais dâinciter Ă agir selon lâauteur, câest cela accompagner. La nouvelle normativitĂ© est active. Le langage de lâaccompagnement et celui de parcours remplacent la formulation en termes de projet. Sa pĂ©dagogie est celle dâune activation douce » et vise un individu capable dâinflĂ©chir le cours de sa vie » Astier, 2007. 19Les professionnels Ă©laborent alors une grammaire dâintervention » adĂ©quate, reposant sur des valeurs dâĂ©quitĂ© plutĂŽt que dâĂ©galitĂ©, qui contribue Ă restaurer la confiance en soi premier objectif affichĂ©, le respect et lâestime de soi, en Ă©tant au plus prĂšs des usagers. Cette grammaire dâintervention » sâadresse Ă un individu concret, en situation, quâil sâagit de mobiliser, autrement dit impliquer et responsabiliser. Comme les professionnels participent eux-mĂȘmes Ă la dĂ©finition du contenu de leur activitĂ©, ils sont pris aussi dans une dynamique responsabilisante. Quâon ne se mĂ©prenne pas, souligne lâauteur, lâindividu est toujours une question dâinstitution et non de subjectivitĂ©. Se conduire comme une personne nâest pas une chose personnelle câest une rĂšgle, la libertĂ© de choisir sa vie sâimpose. DĂšs lors, tous ces dispositifs organisĂ©s autour du slogan la personne au centre », liĂ©s aux politiques dâinsertion, de proximitĂ©, dâaccompagnement, de prise en charge de la dĂ©pendance ou de la souffrance psychique et sociale, tous sont traversĂ©s par une logique des formes de rĂ©alisation de soi et rĂ©pondent Ă un nouveau besoin de lâindividu contemporain le besoin de reconnaissance qui lie la construction de lâidentitĂ© Ă lâaltĂ©ritĂ©. Ainsi le passage de lâindividu Ă la personne correspond au passage du travail sur autrui au travail avec autrui sous-tendu par une logique dâindividualisation qui confĂšrerait ce pouvoir de rendre chacun responsable de sa vie ». Tout en ne pouvant esquiver un ancrage institutionnel qui lui donne sa lĂ©gitimitĂ©, lâaccompagnement sâen trouve dĂ©fini comme un acte effectuĂ© par des personnes pour des personnes Astier, 2007.Ce que lâauteur nâaborde pas, et quâon ne saurait banaliser, est lâemploi rĂ©current du terme dispositif pour nommer les moyens dâaction des professionnels en matiĂšre dâaccompagnement. Il faut se rĂ©fĂ©rer Ă Foucault 2001 pour apercevoir le lien entre dispositif et gouvernementalitĂ© ou gouvernement des hommes ». Un dispositif dĂ©signe un ensemble de relations Ă©tablies entre diverses institutions [8]. Lâensemble de ces relations, dont les visĂ©es sont multiples voire contradictoires, donne forme Ă des modes de gouvernementalitĂ© afin de faire face aux nouvelles problĂ©matiques dâun ensemble social donnĂ©. Ces dispositifs dans les sociĂ©tĂ©s occidentales ont surtout cherchĂ© Ă rĂ©pondre Ă cette nouvelle donne quâon appelle lâindividu et son existence, plus prĂ©cisĂ©ment lâindividu comme instrument de stratĂ©gie Ă©conomique efficace » Olivier 2008. On ne saurait imaginer un dispositif sans un ensemble de processus tels que observer lâindividu et son comportement, questionner son histoire, intervenir sur la base de savoirs observĂ©s et problĂ©matisĂ©s. Un dispositif [9] rĂ©sulte alors toujours du croisement du pouvoir et du savoir il renvoie Ă toutes ces praxis qui disposent de lâhomme, câest-Ă -dire exigent de lui, sur un mode de commandement, dans le but de gĂ©rer, contrĂŽler, orienter les comportements [10]. Tout dispositif implique donc un processus de subjectivation [11] et câest ce par quoi il est une machine de gouvernement » Agamben, 2007. Il demeure que le problĂšme dont hĂ©ritent les professionnels enrĂŽlĂ©s dans des dispositifs est bien dâĂȘtre en mesure dâintervenir sur les processus de subjectivation car plus les dispositifs se font envahissants et dissĂ©minent leur pouvoir dans chaque secteur de notre vie, plus le gouvernement se trouve face Ă un Ă©lĂ©ment insaisissable qui semble dâautant plus se soustraire Ă sa prise quâil sây soumet avec docilitĂ© » Agamben, 2007.Se faire accompagner dans le champ de la formation20De ces mutations autour du besoin de reconnaissance et de sa relation Ă©troite avec la construction de lâidentitĂ©, il en rĂ©sulte des consĂ©quences en matiĂšre de professionnalisation. En effet, dans cette nĂ©cessitĂ© dâĂȘtre efficace ici et maintenant et non plus dâavoir un horizon professionnel sur le long terme, de devoir rendre compte de cette efficacitĂ© et dâavoir Ă Ă©valuer sa pratique, professionnalisation et compĂ©tence vont de pair. DĂšs lors que ces nouvelles exigences conduisent Ă reconnaĂźtre le caractĂšre dâapprenance liĂ© aux situations de travail, la formation nâest plus quâune composante Ă©ventuelle [12]. Elle doit prendre en compte les terrains de stage qui constituent un ancrage effectif dans les rĂ©alitĂ©s professionnelles. Cet ancrage confĂšre au stagiaire un statut dâacteur de sa formation et dâartisan de son parcours. Lâancienne fonction de tutorat sâen trouve elle-mĂȘme remaniĂ©e puisque la dynamique de lâalternance relĂšve de la personne en formation. Il en rĂ©sulte une modification consĂ©quente de la fonction de formateur qui est alors engagĂ© dans lâaide Ă la construction, par le stagiaire, du sens de ce quâil a entrepris tant sur le plan de lâaction que sur celui de la rĂ©flexion [13]. Cette posture dâaide Ă la construction des savoirs est complexe dans la mesure oĂč, investi dâune fonction dâaccompagnement, le formateur est impliquĂ© comme interlocuteur dans une dimension relationnelle singuliĂšre, avec ses alĂ©as, comportant des fonctions de guidance mĂ©thodologique et de tĂ©moin de progression donc dâ lâaccompagnement Ă©merge en formation professionnalisation et compĂ©tences21On passe alors dâun modĂšle de la formation comme transmission Ă celui de dĂ©veloppement de compĂ©tences dans lequel le formateur doit opter pour une autre posture, celle de facilitateur, en crĂ©ant les conditions dâapprentissage et les conditions de construction de lâexpĂ©rience, sollicitant la rĂ©flexivitĂ©. De nouveaux champs thĂ©oriques doivent ĂȘtre convoquĂ©s pour sous-tendre cette conception. Lâarticulation thĂ©orie-pratique nâest pas simplement renversĂ©e câest le statut de la thĂ©orie qui est remis en question, une thĂ©orie primant sur la rĂ©alitĂ© avec la tentation de lâapplication sans discernement dâun modĂšle thĂ©orique Ă©tranger aux rĂ©alitĂ©s des personnes et des groupes sociaux. En ce sens, comme le souligne Qribi 2008, ce qui est en jeu nâest pas une simple option intellectuelle mais bel et bien un impĂ©ratif Ă©thique ». 22LĂ oĂč la formation, dans le prolongement de lâenseignement traditionnel et de sa pĂ©dagogie, accordait la primautĂ© aux savoirs Ă transmettre dans le cadre dâune relation verticale maĂźtre-Ă©lĂšve, il sâagit dĂ©sormais, et sur la base dâune relation plus symĂ©trique, dâaider un adulte en formation Ă construire son expĂ©rience. Lâaccompagnement participe donc du temps des savoirs dâaction avec tout ce quâil comporte la question des liens entre lâaction et sa conceptualisation, la reconnaissance dâune pluralitĂ© dâentrĂ©es cognitives [14], la primautĂ© accordĂ©e Ă la construction du sens des actions par les acteurs eux-mĂȘmes â et de la distinction toujours fragile entre lâĂ©ducatif et le formatif, le pĂ©dagogique et lâandragogique. Au-delĂ de cette nĂ©cessaire distinction, peut-ĂȘtre faut-il entendre que le problĂšme de fond, qui perdure Ă travers lâaccompagnement, est celui de lâ agogie [15] », autrement dit lâattitude sous-jacente au conduire et le type de relation qui lâautorise. 23Câest bien ce que Donnay 2008 nous donne Ă entendre. Pour quâil y ait rĂ©flexivitĂ©, il ne sâagit pas seulement de dĂ©velopper une rĂ©flexion solitaire ne rĂ©fĂ©rant quâĂ sa propre subjectivitĂ©. La double distanciation qui doit sây opĂ©rer comme mise Ă distance de la situation et prise de recul par rapport Ă soi-mĂȘme suppose de lâintersubjectivitĂ©, introduite notamment par le dialogue. Cette posture que lâauteur dĂ©finit comme un nouveau mĂ©tier » suppose un repositionnement du formateur vis-Ă -vis du savoir pour quâil soit lui-mĂȘme un praticien rĂ©flexif, capable dâexplicitation et de formalisation de son savoir-agir tout en permettant Ă lâautre de se penser par lui-mĂȘme » Donnay, 2008. PrĂ©cisĂ©ment, cette nouvelle professionnalitĂ© » le conduit Ă se placer en position tierce il ne se substitue ni interfĂšre avec la lecture et la reconstruction du rĂ©el que fait lâaccompagnĂ©. Autrement dit, le compagnon rĂ©flexif » ne sâinterpose pas entre le rĂ©el et la personne quâil accompagne Donnay, 2008.Ainsi les formateurs sont-ils attendus pour accompagner les professionnels par la mise en Ćuvre dâun processus didactique qui sâapparente au compagnonnage » [16] et rompt avec lâĂ©ducatif et le pĂ©dagogique au sens traditionnel du terme. Cet accompagnement nâexige pas seulement un recentrage mettant lâ apprenant » au centre de sa formation. Il est un adulte sâĂ©duquant » [17], un adulte se formant ». En sâimpliquant lui-mĂȘme comme interlocuteur, lâaccompagnant est inscrit dans une dynamique au sein de laquelle il doit tenir pleinement sa place et assumer son altĂ©ritĂ© tout en se retenant de penser, dire ou faire Ă la place de lâautre. On pressent que la fonction dâaccompagnement instaure un dilemme peu confortable entre une fonction formative et une fonction certificative autrement dit entre accompagner et/ou Ă©valuer. LâĂ©valuation, Ă moins dâassumer ses incohĂ©rences, ne peut plus se rĂ©duire Ă une opĂ©ration rĂ©glĂ©e en totale extĂ©rioritĂ© Ă la personne paradigme de lâenseignement Ă celui de lâaccompagnement24Mais en passant du paradigme de lâenseignement Ă celui de lâaccompagnement Beitone, 2001, on se dĂ©place dâune pĂ©dagogie du modĂšle et de lâexemplaritĂ© vers une pĂ©dagogie de lâĂ©mergence et de la mĂ©diation - et dâune relation hiĂ©rarchisĂ©e et dissymĂ©trique vers une relation tendant Ă plus de symĂ©trie. En perdant une centration exclusive sur le contenu pour une centration sur la dĂ©marche, ces nouveaux dispositifs dâaccompagnement en Ă©ducation ou formation tendent Ă dĂ©finir les compĂ©tences mĂ©thodologiques comme enjeu des apprentissages en lieu mĂȘme des savoirs. Le formateur devient alors un facilitateur, un passeur. De lĂ Ă laisser entendre quâil doive abdiquer de toute expertise et quâil suffit dâĂȘtre lĂ Ă cĂŽtĂ© dâun autre pour quâil y ait apprentissage, il nây a quâun pas. Certains se trouvent donc Ă se demander si lâaccompagnement ne signifie pas la fin de lâĂ©ducation Lamarre, 2005. 25Cependant, le changement de rapport au contenu des connaissances qui ne sont non plus apprises dâun autre mais construites par soi sâappuie sur lâidĂ©e que cette construction permet Ă celui qui sây emploie dâen connaĂźtre le sens et a des effets transformateurs en boucle le sens ne saurait se dĂ©gager sans transformation des reprĂ©sentations, influençant Ă leur tour les actions. La question du sens, question centrale de lâaction humaine, a donc un rapport trĂšs Ă©troit avec lâaccompagnement Berthon, 2003, non seulement parce que lâagir est la visĂ©e de tout accompagnement mais aussi parce que ce travail de mise en forme ne peut Ă©merger que dâune pratique ce travail du sens ne peut se faire seul, ce nâest pas que lâautre soit incapable mais bien que le sens ne peut Ă©merger que dans la dĂ©libĂ©ration interpersonnelle. RĂ©flexivitĂ© et altĂ©ritĂ©, comme le rappelle RicĆur 1990, se pensent ensemble. LâidĂ©e mĂȘme de sens exige lâintersubjectivitĂ©, le rapport au monde et le rapport Ă autrui nâĂ©tant pas donnĂ©s indĂ©pendamment lâun de lâautre Rey, 1996. Ce travail de mĂ©diation suppose donc la place dâun tiers Ă la fois suffisamment semblable » et suffisamment autre » Berthon, 2003 car seule la diffĂ©rence est constitutive de la relation. Il suppose Ă©galement que lâaccompagnant, dans cette position tierce, veille Ă Ă©tablir le lien entre la personne et le rĂ©el plutĂŽt que dâinterfĂ©rer entre lui et cette la situation pĂ©dagogique Ă une pĂ©dagogisation du social26Cet engouement pour lâaccompagnement pourrait ĂȘtre imputĂ© Ă trois facteurs. Le premier est liĂ© au dĂ©veloppement des pĂ©dagogies communicationnelles le rapport au savoir et sa valeur mĂȘme en sont modifiĂ©s. Le second provient vraisemblablement dâune contagion de lâidĂ©e de gouvernementalitĂ© dans tous les secteurs de lâexistence, idĂ©e par laquelle les hommes essaient de se gouverner les uns les autres en prenant appui, comme lâa montrĂ© Foucault, sur les techniques de soi. Le troisiĂšme facteur en dĂ©coule et traduit la perte de lĂ©gitimitĂ© ou le discrĂ©dit des figures dâautoritĂ© le pouvoir sây lĂ©gitime alors Ă travers une loi qui sâexprime par un contrat, comme survivance des figures dâautoritĂ©. 27On perçoit ainsi Ă quelle nĂ©cessitĂ© ces nouveaux dispositifs ayant pour objet de stimuler lâactivitĂ© par la rĂ©flexion sont censĂ©s rĂ©pondre renvoyer lâindividu adulte Ă ses propres actes et Ă ce qui les sous-tend, promouvoir lâavĂšnement dâun sujet rĂ©flexif comme autre nom de la responsabilisation. On se trouvera par consĂ©quent dans lâobligation de noter, Ă travers lâinflation de lâidĂ©e dâaccompagnement, que sâopĂšre un glissement de la sphĂšre de la formation vers de larges pans de la sociĂ©tĂ©. Dit autrement, il y a un risque pour que lâaccompagnement, en contribuant au positionnement des individus dans le systĂšme, participe Ă lâabandon de lâidĂ©e traditionnelle de formation comme culture Fabre, 1994. En participant Ă lâajustement des individus Ă la sociĂ©tĂ©, la formation devient un mode de rĂ©gulation sociale. Lâaccompagnement ne se contenterait pas dâĂȘtre un mode de relation au sein duquel autrui dĂ©veloppe son autonomie de sujet rĂ©flĂ©chissant et dĂ©libĂ©rant » mais il rendrait lisible et/ou conforme son parcours. Il y a donc un glissement insidieux de la situation pĂ©dagogique Ă la question de la trajectoire socioprofessionnelle et, en retour, un effet de pĂ©dagogisation du conception spatialisĂ©e de lâaccompagnementâŠ28On pourra alors distinguer deux types de contributions celles qui optent pour penser lâaccompagnement Ă partir des philosophies de lâĂȘtre et celles qui, en phase avec les exigences actuelles, optent pour les philosophies de lâagir. 29Les premiĂšres [18], portĂ©es par la vague roggĂ©rienne et ses postulats, sont mues par la tĂąche manichĂ©enne dâidentifier le vĂ©ritable accompagnement » oĂč sâexercerait ce qui relĂšverait dâun art », peut-ĂȘtre mĂȘme dâun don ou dâun charisme » et se traduirait par une authentique Ă©coute ». Cet accompagnement tiendrait sa vĂ©ritĂ© Ă ĂȘtre dĂ©fini Ă partir de modĂšles traditionnels tels que lâaccompagnement spirituel, les rites initiatiques et le compagnonnage. On ne peut certes aborder la relation dâaccompagnement au mĂ©pris de ses origines historiques. Elle est sans aucun doute une forme anthropologique qui Ă©merge dĂšs quâun ĂȘtre humain, cessant de fonctionner sur des modes archaĂŻques [19], dĂ©veloppe un peu de sollicitude Ă lâĂ©gard dâun autre ĂȘtre humain. Ces modĂšles anciens Paul, 2004 continuent Ă mobiliser lâimaginaire en proposant des principes rĂ©gulateurs, des rĂ©fĂ©rences Ă des valeurs, transhistoriques et transculturelles. Mais on ne saurait les transposer tels que dans notre monde. On ne sous-estimera pas non plus ici la rĂ©manence dâune conception de lâaide conduisant Ă une dĂ©finition de la personne accompagnĂ©e comme sujet en difficultĂ©, paralysĂ©, confrontĂ©, angoissĂ©, de toute façon incapable de rĂ©soudre seul la situation dans laquelle il se trouve et fort heureux de rencontrer une Ăąme bienfaitrice. 30Par ailleurs, pour dâautres auteurs, lâaccompagnement sâest introduit dans le monde de lâĂ©ducation avec la promotion dâune pĂ©dagogie du connaĂźtre » qui promeut mĂ©thodes et situations prenant en compte lâactivitĂ© du sujet. Or lâaccompagnement aujourdâhui en sâadressant Ă des adultes dans un contexte de professionnalisation ne relĂšve plus Ă proprement parler de lâĂ©ducatif. Cependant, et câest lĂ une contribution complĂ©mentaire, Le BouĂ«dec montre que lâaccompagnement ne peut ĂȘtre mis en jeu dans la relation pĂ©dagogique que par la mĂ©diation dâune posture qui relĂšve de lâoption Ă©clairĂ©e du professionnel dans sa fonction dâaccompagnant [20]. Mais curieusement, cette posture se dĂ©finissant par ĂȘtre Ă cĂŽtĂ© et non au-dessus ou derriĂšre, i-e diriger ou suivre tend Ă la radicalitĂ© dâun ĂȘtre-lĂ tout en sous-estimant la valeur dâun ĂȘtre-avec sans doute faut-il concevoir quâune description spatialisĂ©e ne peut totalement rendre compte dâune dimension BouĂ«dec nâaborde ni la dynamique de lâaccompagnement ce qui se passe dans lâinterlocution ni les mĂ©thodes qui incarnent la dĂ©marche ni la dimension politique laquelle relĂšve de la visĂ©e dâaccompagnement. Trois fonctions participent de la mise en Ćuvre du cheminement accueillir et Ă©couter, participer avec autrui au dĂ©voilement du sens de ce quâil vit et recherche, cheminer Ă ses cĂŽtĂ©s pour le confirmer dans le nouveau sens oĂč il sâengage. De lĂ dĂ©coulent deux questions, celle de lâĂ©thique quel principe Ă©thique peut servir de repĂšre aux accompagnants ? », principe que lâauteur extrait dâune tradition spirituelle, et celle de la formation des professionnels qui ne reçoit pas vraiment de rĂ©ponse dĂšs lors quâaccompagner relĂšve dâun charisme ou dâun don. La postface de Lhotellier vient fort heureusement prĂ©ciser quâun accompagnement vrai » ne peut se contenter de principes gĂ©nĂ©reux il faut une dĂ©marche rigoureuse et imaginative », une mĂ©thode, autrement dit un ensemble dâopĂ©rations dĂ©finies, repĂ©rables, vĂ©rifiables, Ă©valuables, pour atteindre les objectifs ». Car on ne voit pas comment se perfectionner sans approfondissement, quelque soit le talent au dĂ©part ». Câest bien le travail dâun agir sensĂ© » qui commande par lâaval tout le processus et le travail sur le sens ne peut sâengager quâau sein dâune relation dialogique. Lhotellier introduit une rupture salvatrice en lâoccurrence dans une conception irĂ©nique dâun accompagnement qui se produirait comme en apesanteur. Lâaccompagnement se rĂ©vĂšle alors moins sous lâangle dâ un projet impossible » mais davantage comme un ensemble de contradictions Ă gĂ©rer » Lhotellier, 2001.⊠à sa dimension temporelle31Lâouvrage coordonnĂ© par Chappaz 1998 sur Accompagnement et formation pose deux affirmations qui dĂ©placent la dimension spatiale de la posture dâaccompagnement vers sa dimension temporelle en relation. Tout dâabord, il nây aurait pas dâaccompagnement authentique sans demande » Wiel, 1998. Or, dans le contexte actuel oĂč lâaccompagnement rĂ©pond Ă une prescription, on est conduit Ă reconsidĂ©rer ce quâon entend par demande ». Certes la personne ne formule pas un dĂ©sir dâĂȘtre accompagnĂ©e, il est possible mĂȘme quâelle sây refuse [21]. Aussi la posture consiste Ă accueillir la personne lĂ oĂč elle en est et Ă faire avec elle le chemin qui consistera Ă crĂ©er les conditions dâĂ©mergence possible mais non certaine dâun dĂ©sir de changement de lĂ oĂč elle se trouve. Car la question porte sur un Ă©cart structurel entre demande et dĂ©sir. Câest la mise au travail de cet Ă©cart qui est construction de la personne. Or lâaccompagnement tend Ă nourrir lâidĂ©ologie commune oĂč rĂ©pondre Ă la demande consiste Ă faire croire que ce quâon demande est ce quâon dĂ©sire ou Ă dĂ©lĂ©gitimer la personne de sa demande en la conformant Ă lâoffre de prestation. On ne sera pas dupe que ces concepts dĂ©signent un Ă©change mais dâordre Ă©conomique et situent lâinteraction entre les besoins prĂ©sumĂ©s dâun consommateur et lâoffre dâun producteur. Or le travail du dĂ©pli » de la demande renvoie Ă ces questions qui font sens pour la personne pourquoi est-elle lĂ ? Que veut-elle pour elle en ne voulant pas ? Il prĂ©sume dâune capacitĂ© Ă soutenir que cette personne puisse se dĂ©ployer dans la rĂ©ponse Ă ces questions sans que lâaccompagnant y rĂ©ponde lui-mĂȘme ce en quoi dâailleurs rĂ©side la position Ă©thique. Mais pour quâil y ait formulation dâune demande, faut-il quâil existe un espace dâinterlocution et une dissymĂ©trie des places. La question des places est donc prĂ©alable. 32De la mĂȘme façon, il nây aurait pas dâaccompagnement sans projet » Wiel, 1998 les deux sont liĂ©s. Mais jusquâĂ quel point, sâil sâagit dâaccompagnement dâune personne en devenir et non de la production dâun projet, passe-t-on dâune logique de production Ă une logique de construction ? Car il sâagit en effet de dĂ©laisser le projet-procĂ©dure avec sa trajectoire balisĂ©e en moyens-fins pour valoriser le projet-processus comme cheminement, maturation, faisant de lâaccompagnement le lieu dâune double expĂ©rience, relationnelle et temporelle, dans laquelle sâengager avec la personne dans une dĂ©marche de projet est dâabord crĂ©er les conditions relationnelles de ce cheminer ensemble. Ainsi la propension au projet inscrit-elle lâaccompagnement dans une logique de mobilisation et de changement. Tous les dispositifs conçus prĂ©sentement et recourant Ă lâaccompagnement parcours individualisĂ© de formation, parcours dâinsertion, VAE, bilan de compĂ©tences, etc., tous font rĂ©fĂ©rence Ă lâhistoricitĂ© du sujet, Ă la prise en compte de la non linĂ©aritĂ© et de la multi-dimensionnalitĂ© des temps qui lâaffectent dans sa construction. Lâaccompagnement a effectivement un rapport fondamental avec le temps car si sa visĂ©e est dâamener lâaccompagnĂ© Ă agir » ; seul lâagir donne une prise effective sur le temps Chappaz, 1998. Il reste Ă percevoir que non seulement le projet est souvent aplati en programmation de rĂ©sultats mais il peut ĂȘtre aussi une forme de contrat par lequel on tente dâavoir vue sur un individu, ses actes et ses intentions, sans ĂȘtre impliquĂ© dans sa mise en la personne dans le rĂ©el33On ne sâĂ©tonnera donc pas quâau dĂ©tour de cette rĂ©flexion, on tente dâinsinuer quâune dĂ©marche dâaccompagnement suppose une analyse du rĂ©el instaurant Ă la fois la personne accompagnĂ©e dans son histoire, et dans son environnement Chappaz, 1998. Car lâenjeu est bien dâ agir sur le monde environnant avec efficacitĂ©, efficience et pertinence », incluant ce nĂ©cessaire dĂ©chiffrage du rĂ©el. On en vient Ă passer de la mĂ©thode comme application dâun chemin unique au dĂ©veloppement de stratĂ©gies combinant tous les possibles en vue dâatteindre un objectif. PlutĂŽt que dâapporter des solutions, il sâagit avant tout de savoir se poser les questions ». Cette activitĂ© de modĂ©lisation inclut une activitĂ© dâautoĂ©valuation dĂšs lors que la validation du modĂšle relĂšve du sujet lui-mĂȘme et câest une activitĂ© langagiĂšre qui pose le rĂŽle du possible vis-Ă -vis du rĂ©el Chappaz, 1998. 34Interroger le rĂ©el, questionner les outils de son analyse, concevoir une mise en Ćuvre stratĂ©gique au service de transformations risquĂ©es introduisent les notions de contexte et de situation qui tranchent sur la seule Ă©vocation de lâaccompagnement en termes de sollicitude, gĂ©nĂ©rositĂ©, authenticitĂ©, respect, etc. et amorcent le passage dâune prĂ©occupation Ă visĂ©e humaniste vers une problĂ©matique soucieuse de prendre en compte les thĂ©ories de lâagir. Ce passage sâeffectue, pour Chappaz, par une quadruple rupture philosophique dans notre reprĂ©sentation du monde, Ă©pistĂ©mologique dĂšs lors quâon instaure une pensĂ©e des processus au lieu de la linĂ©aritĂ© cause-effets, mĂ©thodologique lorsquâon admet plusieurs modĂšles possibles participant Ă la comprĂ©hension du rĂ©el, enfin Ă©thique quand le modĂšle est toujours contingent aux valeurs et projets du sujet. Lâaccompagnement sâen trouve ĂȘtre Ă la fois lâingrĂ©dient du passage, lâagent actif dâun renouvellement des conceptions, et lâobjet sur lequel pĂšsent toutes ces dans cette mouvance que sâopĂšre un dĂ©placement de la focalisation sur le projet vers la prise en compte de la notion de problĂ©matisation. Projet et problĂšme sont finalement deux maniĂšres de jeter devant soi [22] mais qui ne positionnent pas la personne de la mĂȘme maniĂšre puisque le projet dĂ©signe toujours un peu un ailleurs quand le problĂšme confronte au rĂ©el de lâici et maintenant [23]. Le premier est liĂ© Ă la projection de soi dans le futur quand le second est bien un accompagnement dans la situation existentielle. Par ailleurs, lâun et lâautre sâavĂšrent le lieu oĂč est mis au travail lâarticulation des visĂ©es individuelles avec le champ de la rĂ©alisation est changement35Ă la relecture de quelques textes aujourdâhui classiques sur la formation, on est Ă©tonnĂ© de leur clairvoyance. Ainsi, en amont de lâaccompagnement, HonorĂ© dĂ©veloppe-t-il, dĂšs 1980, lâidĂ©e que la formation se distingue de lâenseignement par une double sensibilisation Ă lâexpĂ©rience et au projet, quâil convient donc, pour rendre toute pratique formative, de crĂ©er les conditions [24] dâun espace de plus en plus relationnel » et dâun temps de plus en plus intentionnel », que toutes les professions qui placent la relation Ă autrui au centre de leur action sont dĂ©sormais soumises Ă une Ă©volution qui implique la prise en considĂ©ration de la personne. 36Si les conceptions nouvelles de la formation tendent donc Ă la conjonction de lâaccompagnement avec les concepts dâalternance, dâautoformation, dâe-formation, dâentreprise apprenante HĂ©brard, 2004, leur articulation ne va pas de soi. La formation Ă distance par exemple implique des participants quâils dĂ©veloppent conjointement des aptitudes Ă lâautonomie et Ă la coopĂ©ration Eneau, 2007 ce qui peut sembler paradoxal. On joue lĂ aussi sur le glissement dâun mot Ă lâautre [25], on tente de comprendre lâaccompagnement Ă partir de rĂ©fĂ©rences Ă©tablies [26], en combinant les donnĂ©es [27]. La posture dâaccompagnement est toujours parĂ©e de vertus salvatrices [28]. Et lâimpasse dâune grande partie des travaux est de croire que le dire rend compte du faire » Thion, 2003, que la mutation terminologique indique quelque chose dâune transformation des pratiques. Il nâen est rien. Dans bien des situations on peut prĂ©sumer dâun simple changement dâĂ©tiquetage. Dans dâautres cas, lâaccompagnement nâest quâune version hybride de rĂ©fĂ©rents dĂ©passĂ©s. Mais accompagnement et formation ne se confondent pas ils constituent les deux pĂŽles dâune mĂȘme sort donc des nimbes des philosophies de lâĂȘtre pour sâarticuler aux philosophies de lâagir. Il est repĂ©rĂ© comme fonction, fondĂ©e dans une posture spĂ©cifique ne prenant sens que dans un type de relation articulant paritĂ© relationnelle et disparitĂ© des places, soutenue par une dĂ©marche mĂ©thodologique de lâordre du processus rĂ©flexif et visant une action dans le dans le secteur de la santĂ©37Avec lâaccompagnement, glissons maintenant du secteur professionnel de lâĂ©ducation vers celui de la santĂ©. Introduit dans le cadre des soins palliatifs annĂ©es 1960-70, lâusage du mot apparaĂźt dans le langage infirmier pour dĂ©signer un projet de soins et spĂ©cifier autant une attitude quâune relation avec le malade, une conception du soin reposant sur la reconnaissance de la personne comme ĂȘtre humain Ă part entiĂšre. MĂȘme quand il incarne la forme la plus radicale dâun ĂȘtre lĂ , lâaccompagnement ne se rĂ©duit donc ni Ă la technicitĂ© dâactes de soin ni au soutien psychologique. Son efficacitĂ© rĂ©side en fait dans lâĂ©laboration dâun projet coordonnant les diffĂ©rents dispositifs Ă©coute, analyse, nĂ©gociation, favorisant une Ă©valuation constante des options envisagĂ©es. Ce projet relĂšve tant de la compĂ©tence que de la prĂ©sence prĂ©sence Ă autrui et Ă soi-mĂȘme en relation Ă autrui, attitude de retenue et de veille attentive aux besoins exprimĂ©s par la personne. 38On distinguera quatre pratiques qui participent de lâaccompagnement celle visant les accompagnements de la vie de la naissance Ă la mort » ; celle qui sâadresse Ă tout un chacun, responsable de lâaccompagnement de la vie dans sa vie ; celle relative aux professionnels de la santĂ© groupes de soutien et accompagnement des professionnels dans leur parcours et projet ; celle enfin qui est liĂ©e aux Ă©tablissements accompagnement opĂ©rationnel des cadres et dirigeants, accompagnement collectif au changement, accompagnement des institutions Ă travers les projets dâĂ©tablissement, la mise en Ćuvre des rĂ©fĂ©rentiels ou la dĂ©marche dite de qualitĂ©. 39Lâaccompagnement associĂ© aux soins palliatifs inclut tous les dispositifs liĂ©s aux maladies longues ou chroniques [29], les accompagnements relationnels [30] et tous ceux qui consistent Ă accompagner la vie de la naissance Ă la mort » Chaveli, 2005. Lâaccompagnement est peut-ĂȘtre la forme trouvĂ©e par notre sociĂ©tĂ© pour assurer une idĂ©e de continuitĂ© de lâexistence par delĂ les alĂ©as et les discontinuitĂ©s de toute nature. Si la fin de vie relĂšve dâun devoir dâaccompagnement » De Hennezel, 2004, ses vĂ©ritables enjeux ne sont pas au niveau de lâindividu mais bien de la sociĂ©tĂ© au delĂ dâun simple souci dâhumanitĂ© », cette fin de vie engage une culture de lâaccompagnement ». Le devoir dâaccompagnement fait Ă©cho Ă la reconnaissance et au respect des droits de la personne humaine [31]. Il a valeur de civilisation, de culture et de sociabilitĂ©. Ă travers cette instauration, lâaccompagnement contribue Ă interroger la sensibilitĂ© de notre sociĂ©tĂ© Ă lâĂ©gard des situations de vulnĂ©rabilitĂ© » [32] De Hennezel, 2004. 40Par ailleurs, la promotion de lâaccompagnement est portĂ©e par des discours de responsabilisation de chacun dans la prĂ©servation de lâacquis et le dĂ©veloppement de ses capacitĂ©s potentielles. Lâaccompagnement prend appui sur la prise de conscience dâune Ă©volution permanente de lâindividu et de lâexigence de capacitĂ©s dâanticipation engageant sa responsabilitĂ© sur cette base, il faut prendre conscience que la conduite actuelle aura des rĂ©percussions sur la santĂ© dans les annĂ©es Ă venir et pour cela passer Ă une sociĂ©tĂ© sanitaire basĂ©e sur lâaccompagnement » [33]. La notion de durĂ©e sây rĂ©vĂšle donc incontournable. Les objectifs en sont simples faire en sorte quâĂ chaque Ă©tape de la vie lâon puisse jouir de tous ses moyens ». Lâaccompagnement apparaĂźt ainsi une solution Ă©volutive » Fiorentino, 2008. Câest dans ce registre quâon a vu la mise en place du coaching pour les diabĂ©tiques, par exemple. 41En ce qui concerne lâaccompagnement auprĂšs des professionnels de la santĂ©, il sâagit, dans leur version la plus connue, de groupes de soutien rebaptisĂ©s groupes dâaccompagnement » [34]. Il paraĂźt Ă©vident que lâorganisation de ces groupes suppose un certain environnement institutionnel une volontĂ© politique dâentendre les difficultĂ©s des professionnels et un dĂ©sir de les doter des moyens nĂ©cessaires. Un tel dispositif est un outil de prĂ©vention permettant dâanticiper la confrontation Ă des situations stressantes ou dâĂ©viter le burn-out. En introduisant la rĂ©flexion dans et sur la pratique, ces groupes crĂ©ent les conditions permettant de libĂ©rer lâexpression, de travailler sur lâĂ©motionnel et le relationnel, et de mettre en place des moyens dâanticipation. 42Or, il importe de voir que, dans les mĂȘmes contextes, se joue une dĂ©marche dâaccrĂ©ditation ou dĂ©marche qualitĂ© » qui, sous des augures dâune quĂȘte de qualitĂ© promeut une dynamique de changement. Cette dĂ©marche qualitĂ© » sâest muĂ©e en outil pour le management et en dĂ©marche de contrĂŽle assortie dâune sorte de label de garantie qui profite plus au positionnement des institutions sur le marchĂ© quâaux bĂ©nĂ©ficiaires des actes professionnels pour lesquels ils sont pourtant censĂ©s ĂȘtre conçus. Si la visĂ©e de la dĂ©marche dâaccrĂ©ditation est bien de passer de lâimplicite de pratiques a priori dĂ©jĂ lĂ en qualitĂ©s Ă la communication et Ă lâexplicitation dâune tradition professionnelle inscrite fortement dans les actes » Thuillier, Vial, 2003, elle implique une dynamique dâaccompagnement de ces processus. On voit donc comment lâaccompagnement se trouve sollicitĂ© dans les activitĂ©s rĂ©flexives que cette visĂ©e engage. Ainsi la capacitĂ© Ă verbaliser ce qui est fait constitue une marque de la professionnalisation dâun mĂ©tier qui se trouve Ă©pinglĂ© dans des commandes oĂč il sâagit quand mĂȘme de donner Ă voir, autrement dit contribuer non seulement Ă une utopie de la transparence mais aussi Ă lâinstauration de logiques liĂ©es Ă la traçabilitĂ© des individus, Ă ce quâils font et Ă ce quâils disent ailleurs, ces quatre pratiques Ă©voquĂ©es plus haut et dĂ©veloppĂ©es dans le secteur de la santĂ© utilisent toutes le terme accompagnement sans lui donner la mĂȘme fonction. Deux types de processus, indissociables pour parler dâaccompagnement, les traversent inĂ©galement. Le premier est dâordre relationnel, le second opĂ©rationnel. Ils nâont pas les mĂȘmes objectifs, ni les mĂȘmes valeurs, mĂȘme sâils visent lâun et lâautre pertinence et efficacitĂ©. Ils ne reposent pas sur une mĂȘme conception de la personne, nâengendrent pas les mĂȘmes rĂŽles. Leur combinaison fournit des logiques souvent contradictoires, leur Ă©quilibre est toujours remis en cause et il nâest pas rare dâabuser du mot pour nommer des dispositifs privilĂ©giant quasi exclusivement lâun au dĂ©triment de lâautre. Le premier vise Ă instaurer des relations de qualitĂ© comme contexte de promotion possible des personnes. Le second privilĂ©gie la production de rĂ©sultats, lâatteinte dâobjectifs. La question reste de savoir, puisque imbrication il y a, comment le professionnel se repĂšre entre les activitĂ©s Ă visĂ©es normatives censĂ©es produire des rĂ©sultats escomptĂ©s et les activitĂ©s centrĂ©es sur la personne, Ă©chappant Ă toute des accompagnements dans le secteur du travail43Lâaffaiblissement des repĂšres traditionnels de lâaction conduit Ă une crise du sens de lâagir. Le travail devient alors un enjeu pour la construction identitaire des individus dans un contexte Ă©conomique de compĂ©titivitĂ© recherche de lâexcellence et de prĂ©caritĂ© augmentation des contrats prĂ©caires et donc des transitions professionnelles et du chĂŽmage. Lâaccompagnement au changement suit les Ă©volutions gĂ©nĂ©rales qui, dâune tendance Ă lâindividualisation et Ă une approche psychologique, tend maintenant Ă valoriser des perspectives plus fonctionnelles, travaillant sur la mise en valeur des compĂ©tences. 44Lâaccompagnement se dĂ©finit alors comme la rĂ©ponse consignĂ©e dans un dispositif prĂ©cis, Ă partir dâune grille de lecture dĂ©finie. Lâaccompagnement au changement met en jeu non plus seulement la situation individuelle mais les dispositifs collectifs ce qui est en cause nâest plus lâautonomie de la personne mais la constitution ou la prĂ©servation du lien social Ă des fins de performance Boutinet, 2007. Face aux reconversions professionnelles, Ă la montĂ©e du chĂŽmage et aux exigences dâadaptabilitĂ© de toute entreprise, un salariĂ© peut avoir Ă gĂ©rer au cours de son existence des pĂ©riodes de transition. Un panel de dispositifs incluant des formes dâaccompagnement a Ă©tĂ© créé ces derniĂšres annĂ©es pour rĂ©pondre aux contraintes dâĂ©volution des parcours individuels. 45Câest dans ce passage dâune logique de la place Ă occuper Ă une logique dâun itinĂ©raire Ă construire, dâun maintien de son capital de compĂ©tences Ă celui dâun renouvellement permanent de celui-ci que lâaccompagnement prend place. Les nouveaux dispositifs VAE, Bilan de compĂ©tences, Outplacement, Aide Ă la crĂ©ation des entreprises ou accompagnement Ă la retraite sâinscrivent dans lâenvironnement conceptuel de la psychologie sociale contemporaine, valorisant le sujet-acteur et les notions de sens, dâidentitĂ© ou de reconnaissance, sur fond de remise en question du lien social. Câest dans ce contexte dâune sociĂ©tĂ© apprenante », chahutĂ©e par les exigences Ă©conomiques et la mondialisation, quâon en vient Ă promouvoir lâindividu acteur, gestionnaire de son parcours. Or cette position de sujet-acteur confĂšre une autonomie fragile qui peut brusquement basculer dans lâassujettissement et la passivitĂ© lors dâun licenciement, appelant en guise dâaide lâune ou lâautre forme dâaccompagnement. 46La problĂ©matique de la transition professionnelle ne se confond pas avec celle du changement ni avec celle de lâinsertion Danvers, 2007. Si la transition reste lâexpĂ©rience de celui qui la vit, avec ses exigences de frontalitĂ© [35], des pratiques collectives [36] ou individuelles inscrivent ouvertement lâaccompagnement dans la rĂ©gulation sociale en confrontant les professionnels Ă lâaccueil de personnes en rupture qui en mĂȘme temps manifestent souvent une incapacitĂ© Ă rĂ©guler les forces en jeu pour retrouver une dynamique viable [37] ; une telle situation implique un double deuil Ă faire celui de lâobjet perdu par la rupture et celui dâune certaine image de soi MĂ©traux, 2004.Cette ambivalence dans laquelle la sociĂ©tĂ© place les individus tantĂŽt Ă lâintĂ©rieur du systĂšme social tantĂŽt face Ă eux-mĂȘmes et Ă leur propre capacitĂ© Ă rĂ©pondre aux crises, Ă rebondir, Ă rĂ©agir, Ă se rĂ©guler, Ă se rĂ©tablir par eux-mĂȘmes, dote lâaccompagnement dâune double exigence rĂ©pondre Ă une commande sociale via lâinstitution en terme de placement et savoir crĂ©er les conditions dâamĂ©nagement dâune expĂ©rience personnelle de rupture dans la continuitĂ©. Or celle-ci oppose un temps mort » signifiĂ© par le chĂŽmage et les ingrĂ©dients du deuil Ă des temps trop pleins » dâune incitation Ă lâaction qui tourne Ă lâagitation dans laquelle les conseillers Ă lâemploi sont pris et prennent Ă leur tour. On conçoit par ailleurs que lâallongement de la durĂ©e dâinactivitĂ© puisse peser sur lâestime de soi du demandeur dâemploi toutes considĂ©rations montrant le lien entre accompagnement et des activitĂ©s de conseil, de consultance et dâaccompagnement47Dans ce contexte de turbulences, les activitĂ©s de conseil se sont multipliĂ©es conseil psychologique, familial, professionnel, Ă©ducatif, dâorientation. MalgrĂ© ses objectifs avouĂ©s de placement, lâoutplacement par exemple est dĂ©fini comme dispositif des cabinets de conseils en Ă©volution professionnelle [38]. Or le dispositif prĂ©vu dans le projet dâaide Ă la crĂ©ation dâentreprise a pour objectif de permettre Ă un crĂ©ateur potentiel de bĂ©nĂ©ficier dâun regard extĂ©rieur, dâune expertise et de conseils » [39] - autant dire quâil ne prĂ©dispose pas Ă une posture dâaccompagnement, mĂȘme sâil fait usage du mot. NĂ©anmoins, il lui emprunte, le souci de contribuer Ă la valorisation de la personne dans sa dimension projet et sa relation coopĂ©rative. InstituĂ©e par la loi de Modernisation sociale de 2002, la VAE quant Ă elle constitue une alternative Ă lâaccĂšs Ă la qualification en instaurant un nouveau rapport au savoir lâapprentissage expĂ©rientiel. Parce quâelle est construite sur un double enjeu de certification et de reconnaissance, la VAE est Ă la fois procĂ©dure et processus. Câest ainsi que son accompagnement facultatif est placĂ©, ici comme ailleurs, sous le signe dâune tension qui pose aux professionnels le dĂ©fi de ne pas avoir Ă choisir entre ses termes mais de les assumer tous les deux. Câest dans cet environnement en perte dâinstitutionnalisation que les identitĂ©s mal assurĂ©es par les marquages traditionnels du diplĂŽme ou de la formation doivent se construire en sâajustant tout au long de la vie aux nouvelles exigences. Il en ressort une quĂȘte identitaire et un besoin de reconnaissance auquel participe lâaccompagnement dans ces nouveaux dispositifs. 48La contribution de Lhotellier 2001 permet de penser ce que conseiller veut dire aujourdâhui par opposition aux anciennes postures de lâexpert donneur de conseils. En prise sur la rĂ©alitĂ© actuelle tout en sâappuyant sur un fondement anthropologique, ce conseil est dĂ©fini par lâauteur comme une dĂ©marche de dĂ©libĂ©ration en vue de lâaction. RĂ©solument orientĂ© vers lâaction, le tenir conseil » de Lhotellier ne rompt pas pour autant avec les valeurs fondatrices des philosophies humanistes. En effet, la dĂ©marche vise Ă la crĂ©ation dâune relation dialogique, Ă la construction mĂ©thodique et plurielle dâune situation-problĂšme, au travail du sens et du temps afin dâĂ©laborer la dĂ©cision fondatrice dâune action sensĂ©e. Cette perspective dialogique part de lâautre et lâinclut dans un diagnostic partagĂ© et une dĂ©termination des objectifs. CentrĂ©e sur un agir sensĂ©, elle sâinscrit dans une dimension temporelle, renvoyant Ă une conception du temps dans toutes ses dimensions y compris celle de la saisie du moment opportun et de lâoccasion propice. Câest bien parce quâil sâagit de partir de lâautre, de ce quâil est et de ce quâil dit quâil est, que le dialogique est penser Ă lâenvers » Lhotellier, 2007. 49Ce que le terme dialogique ne restitue pas, mais qui est compris dans lâagir sensĂ© », câest que le passage du monologique au dialogique est en fait le chemin pour restaurer une dimension sociologique. Par ailleurs, le tenir conseil » dĂ©veloppĂ© par Lhotellier se fonde bien sur une posture dâaccompagnement mais dĂ©signe surtout un moment dâun processus dâaccompagnement. Il est de lâordre de la tenue quand lâaccompagnement procĂšde du cheminement. Mais sâil sâavĂšre possible de considĂ©rer le conseil comme une des formes que prend lâaccompagnement, la distinction nâest pas aussi franche puisque ce moment pour autant connaĂźt son propre dĂ©veloppement il sâapprĂ©hende comme dĂ©marche et se dĂ©ploie en processus. Toutefois toutes les caractĂ©ristiques dont le tenir conseil » est dotĂ© participent dâune conception de lâaccompagnement conjuguant une nĂ©cessitĂ© dâopĂ©rationnalitĂ© avec une dimension relationnelle, conception qui ne renonce pas Ă une assise Ă©thique au profit dâune production de encore, lâaccompagnement est contingent et ne peut se dĂ©finir quâen contexte. Il doit donc, comme toutes les autres formes, prendre en compte la singularitĂ© des personnes et des problĂ©matiques affĂ©rentes Ă leur situation telles quâelles sont vĂ©cues individuellement, lâenjeu Ă©tant de ne pas confondre le conseil individuel et la problĂ©matique du chĂŽmage » Clavier, Di Domizio, 2007 qui se traduit par des catĂ©gorisations stĂ©riles mais toujours en usage. Sâil sâagit de concevoir un accompagnement en phase avec les problĂ©matiques liĂ©es Ă la concrĂ©tisation du projet professionnel, on peut tenter dâidentifier les processus qui le sous-tendent en tant quâaide Ă lâidentification lâexplicitation, la formalisation des ressources, contraintes et attentes, lâĂ©lucidation, expression et communication des objectifs, la structuration, lâĂ©valuation et la rĂ©gulation des actions. MalgrĂ© tout, le risque dâappeler accompagnement ce qui nâest quâapplication de procĂ©dure est bien le coaching ?50Le coaching est lui aussi dĂ©fini comme un processus dâaccompagnement destinĂ© Ă favoriser un environnement de croissance et dâoptimisation du potentiel de la personne » en situation professionnelle Angel, Amar, 2005. OpĂ©rant Ă travers une sorte de maĂŻeutique, la relation du coach et de son client constitue un partenariat stimulant » au sein duquel lâindividu peut optimiser ses atouts, Ă©vacuer les obstacles Ă son dĂ©veloppement et mettre en Ćuvre un plan dâaction. Câest donc, selon les auteurs, une relation dâaide fondĂ©e sur des concepts issus de la psychothĂ©rapie et des thĂ©ories de lâorganisation, sauf quâil introduit une idĂ©e de partenariat lĂ oĂč on dĂ©finissait une relation conjuguant paritĂ© dâĂ©change et disparitĂ© des places. Combinant des processus de deuil et de changement tout en Ă©tant rĂ©solument centrĂ© sur lâaction, le coaching est probablement la forme dâaccompagnement la plus affĂ»tĂ©e pour une recherche dâefficacitĂ© dans le domaine de lâaction professionnelle. Il peut ainsi ĂȘtre caractĂ©risĂ© par trois apports la confiance constitutive du partenariat et donc dâune relation symĂ©trique, lâĂ©coute fondatrice dâune alliance de travail Ă travers un processus maĂŻeutique qui permet un recadrage et une problĂ©matisation de la situation dans laquelle se trouve le coachĂ©, enfin le rĂŽle du coach comme force de proposition pour apprĂ©hender le rĂ©el. Câest ainsi que le coaching contribue Ă la structuration de lâintervention qui, partant dâune problĂ©matique initiale, revisite le lien entre rĂ©alitĂ©, problĂšme et demande Angel, Amar, 2005. 51Pas plus que les autres formes dâaccompagnement, le coaching ne rĂ©vĂšle sa vraie nature » que sur fond de distinction dâavec ce quâil nâest pas il ne sâidentifie ni au conseil ni Ă la formation, il nâest pas une psychothĂ©rapie, le coach nâest pas un mentor ni un consultant expert. Ă quoi doit-il sa spĂ©cificitĂ© ? Ă un rapport de co-Ă©laboration », Ă une dialectique entre co-acteurs et partenaires », situĂ©e non dans un transfert de savoirs mais dans un rapport circulaire oĂč chacun se nourrit de la parole de lâautre », rapport au sein duquel le coach adopte une position basse » et a plutĂŽt pour vocation de faire prĂ©ciser et Ă©clairer la problĂ©matique du coachĂ© » Angel, Amar, 2005. On tient finalement les arguments avancĂ©s pour relativement communs Ă la plupart des formes dâaccompagnement puisquâils en fondent la posture. La spĂ©cificitĂ© du coaching est donc contingente elle a trait au cadre de son exercice, en milieu professionnel entrepreneurial. Celui-ci influence sa mĂ©thodologie, orientĂ©e par les objectifs de rĂ©solution de problĂšme et dâatteinte de rĂ©sultats. Ses rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques [40] sont hĂ©tĂ©roclites mais ajustĂ©es Ă ce quâelles doivent traiter dans une optique dâefficacitĂ©. Le coaching est sans doute la forme la plus probante pour montrer comment lâaccompagnement se situe Ă la croisĂ©e du dĂ©veloppement de la personne et des thĂ©ories de lâaction humaine, des sciences humaines et du monde Ă©conomique. Ses objets Ă©tant liĂ©s tant Ă ceux de lâentreprise et du management quâau dĂ©veloppement des compĂ©tences de la personne, il nâĂ©tablit pas non plus un lien spĂ©cifique avec telle ou telle thĂ©orie chaque coach a ses rĂ©fĂ©rences ne peut dĂ©nier que le coaching est porteur des nouvelles orientations qui se dĂ©cĂšlent dans tout accompagnement particuliĂšrement en matiĂšre de problĂ©matisation le dĂ©placement de la centration sur le projet vers une centration sur le problĂšme est lâenjeu cognitiviste. Le coaching sâest dotĂ© de repĂšres qui manquent cruellement Ă bien dâautres formes dâaccompagnement, notamment sur le travail sur soi que doit effectuer le professionnel, lâengageant Ă dĂ©velopper une certaine luciditĂ© au regard de ses intentions, Ă percevoir les effets que produisent ses paroles ou ses silences. Il rappelle Ă cette occasion que lâaccompagnement est caractĂ©risĂ© par un emboĂźtement de postures celui qui accompagne doit nĂ©cessairement ĂȘtre Ă son tour accompagnĂ©. Le coaching est aussi le vecteur par lequel transitent les exigences de rĂ©sultat et dâĂ©valuation. Il est naturellement suspectĂ© dâĂȘtre le lieu oĂč sâexercent et se rĂ©gulent implicitement des directives managĂ©riales. Ce nâest pas sans risque. Outre celui de lâinstrumentation, une telle dĂ©marche pose celui de dissocier la double visĂ©e Ă laquelle doit rĂ©pondre lâaccompagnement une dimension productive dâun rĂ©sultat Ă©valuable et une dimension constructive de la personne Samurçay, Rabardel, 2004. De ce point de vue, lâaccompagnement nâest pas rĂ©ductible Ă lâatteinte dâobjectifs programmĂ©s. Tel est bien lâenjeu de la vie professionnelle tenir deux Ă©lĂ©ments qui se complĂštent mais tendent Ă se transversales52Que donne Ă lire ce repĂ©rage de la propagation de lâaccompagnement Ă travers les quatre secteurs professionnels choisis pour cette rĂ©flexion ? Est-il possible de percevoir une configuration du concept ? On sâattend effectivement Ă une reprĂ©sentation inĂ©gale selon les secteurs mais finalement assez descriptive de ce quâaccompagner veut dire. De fait, comme le montre le Tableau 1 ci-aprĂšs dans sa prĂ©sentation synoptique des quatre champs professionnels inventoriĂ©s, ces quatre figures dĂ©crivent de maniĂšre extensive lâaccompagnement avec ses caractĂ©ristiques et ses interrogations, ce quâelles dĂ©veloppent de façon prĂ©fĂ©rentielle, le mode dâentrĂ©e dans lâaccompagnement quâelles choisissent, la conception nuancĂ©e quâelles se font de la personne accompagnĂ©e, des exigences auxquelles elles doivent rĂ©pondre et des logiques que lâaccompagnement va mettre en Ćuvre. 53Ă la lecture de ce tableau on mesure combien, selon les secteurs, la fonction dâaccompagnement tend Ă privilĂ©gier lâusage de certains mots comme Ă promouvoir certaines formes dâaccompagnement [41]. 54Ces quatre figures dĂ©ploient la tension entre philosophies de lâĂȘtre et philosophies de lâagir. Quelle que soit lâentrĂ©e, chacune se trouve Ă penser lâaccompagnement en termes de fonction, posture, dĂ©marche et relation. De la mĂȘme façon, relationnel et opĂ©rationnel sont deux dimensions indissociables puisque leur articulation fonde tout 1PrĂ©sentation synoptique des quatre champs professionnels de lâaccompagnementPrĂ©sentation synoptique des quatre champs professionnels de lâaccompagnement55Le changement de logique dans le travail social entraĂźne un changement de fonction et donc dâattitude dans la relation Ă lâautre. Le changement de rapport au contenu chez la personne accompagnĂ©e apprenante repose sur un repositionnement didactique engendrant un changement relationnel, dĂ©bouchant sur la question de lâĂ©thique, de lâĂ©valuation et de la formation des professionnels. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on voit lâextension dâune conception de la relation pensĂ©e en termes de liens interpersonnels Ă une relation visant la coopĂ©ration, allant dâune posture dâempathie Ă une posture rĂ©flexive. 56Ce qui est paradoxal dĂšs lors quâon traite de lâaccompagnement, câest quâon doive Ă la fois Ă©noncer la diversitĂ© des reprĂ©sentations quâil suscite, jusquâĂ lâimposture quand il nâest que lâĂ©tiquetage de procĂ©dĂ©s quâil masque le contrĂŽle, le placementâŠ, avec lâimpossibilitĂ© dâen donner une description qui fasse unanimitĂ© â et pourtant confirmer quâil y a bien une structure commune, une dĂ©finition minimaliste ĂȘtre avec et aller confusion vient notamment que toutes les formes dâaccompagnement tendent aujourdâhui Ă ĂȘtre conditionnĂ©es par une mĂȘme injonction lâincitation faite Ă un sujet censĂ© aspirer pour lui-mĂȘme Ă lâautonomie Ă faire dĂ©monstration dâun agir sensĂ©, injonction gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă sâ inscrire dans une logique dâindividualisation, dâautorĂ©alisation et de responsabilisation. Il en ressort que tout accompagnement ne peut esquiver la question de la construction identitaire et du besoin de reconnaissance auquel il contribue on ne saurait Ă©conomiser une posture critique quand lâĂ©coute vient Ă succĂ©der au pouvoir sur. On ne sous-estimera pas le fait que la place du professionnel tend Ă se dessiner autour de lâidĂ©e de retenue quand le dĂ©fi de celui quâon accompagne est de se tenir dans un monde qui ne le contient plus aussi fermement que jadis » Martuccelli, 2002. Cette capacitĂ© Ă se tenir soi-mĂȘme relĂšve certes dâune construction intĂ©rieure de soi et dâun ensemble de supports dâessence relationnelle. Mais que faut-il penser dâune sociĂ©tĂ© qui se donnerait pour dĂ©fi de dĂ©velopper cette capacitĂ© Ă se tenir en soi se contenir comme version de la maĂźtrise de soi avec dâautres bien se tenir sinon sâabstenir, dans un monde oĂč tenir Ă soi-mĂȘme est le seul projet susceptible de justifier un attachement Ă long terme, dans cette sociĂ©tĂ© dont le mot dâordre pourrait ĂȘtre quâil vaut mieux tenir le peu quâon a que courir entretenir de grands espoirs bref, comment et Ă quoi tenir quand plus rien ne tient ?! Pour rĂ©pondre Ă des injonctions sociopolitiques fortes, lâaccompagnement ne jouerait-il pas sur deux tableaux entre ĂȘtre-avec et ĂȘtre-ensemble ? Certes, le second nâa pas lieu sans le premier. Mais ce sont lĂ deux logiques une logique de lâentretenir tenir entre, maintenir mutuellement, ayant pour visĂ©e de maintenir lâindividu dans la vie sociale - et une logique de lâappartenir de la relation du tout Ă la de forces57De cette prospection faite des discours Ă caractĂšre scientifique tenus sur lâaccompagnement, nous allons tenter de dĂ©gager quelques lignes de force par les pairs une exigence Ă©thique58Dans tous les dispositifs dâanalyse des pratiques, de validation des acquis, dâinsertion, voire mĂȘme de bilan de compĂ©tences ou de formation Ă distance, est soulignĂ© le rĂŽle des pairs. Ce rĂŽle ne tient pas seulement au fait quâil dĂ©multiplie les points de vue mais bien quâil introduit lisiblement la paritĂ© entre participants. Lâaccompagnant a alors un double rĂŽle celui dâaccompagner chaque individu au sein du collectif et de crĂ©er les conditions de co-dĂ©veloppement. 59Dans ce domaine, on peut Ă©voquer la pair-Ă©mulation [42] conçue comme une forme de tutelle au sens pĂ©dagogique du terme, elle mise sur un apprentissage facilitĂ© par lâĂ©quilibre des relations, sur la transmission dâexpĂ©rience par des personnes handicapĂ©es pour des personnes handicapĂ©es en recherche de plus dâautonomie ». Ce que cache la formule, câest que toute interaction de tutelle est par essence dissymĂ©trique quâelle sâĂ©tablisse entre pairs des enfants entre eux ou adulte-enfant, elle met en prĂ©sence des partenaires qui diffĂšrent selon le statut, lâĂąge, le niveau de compĂ©tences. Tout accompagnement doit sa structure relationnelle Ă une double exigence conjuguer la dissymĂ©trie des places avec la symĂ©trie relationnelle. 60On perçoit lâambiguĂŻtĂ© dâun tel dispositif dâautant plus que la propension Ă instaurer des tutorats est en train de se rĂ©pandre en universitĂ© par exemple. En dehors du risque fusionnel Ă©vident, lâaccent sur la symĂ©trie valorise de maniĂšre exclusive un mĂ©canisme dâidentification au semblable qui entretient lâillusion dâune pseudo Ă©galitĂ©, une symĂ©trie de lâordre du miroir Revault dâAllonnes, 2008 au sein de laquelle tout individu est finalement interchangeable et tout se vaut. Le prĂ©supposĂ© de lâĂ©galisation, Ă©galitĂ© des chances et de la rĂ©ussite, conduit Ă exiger de lâautre lâeffort par lequel on a soi-mĂȘme mĂ©ritĂ©. Cette exigence plus ou moins implicite est en fait totalement opposĂ©e Ă ce Ă quoi elle dit contribuer lâautonomie ; elle produit des situations dâingĂ©rence par un biais relationnel constituĂ© comme ruse. LâĂ©galitĂ© devient alors une Ă©vidence du sentiment » [43] dĂ©viant vers un Ă©galitarisme dĂ©placĂ© et non plus le fruit dâune posture Ă©clairĂ©e. Le risque majeur consiste en la valorisation dâune communication entre semblables qui recrĂ©e plus de facteurs excluants quâelle ne reconstruit de liens. Consentir Ă sortir de lâentre-soi est se confronter Ă lâaltĂ©ritĂ©, non pas participer dâun mĂȘme discours mais sâexposer Ă un autre regard, Ă la capacitĂ© Ă soutenir un autre regard. Ce risque majeur est dâautant plus grand quâil se joue dans une sociĂ©tĂ© dite compassionnelle » Revault dâAllonnes, 2008, basĂ©e sur une revendication Ă lâĂ©galitĂ© dans laquelle triomphent la similitude, la ressemblance et les amalgames qui en rĂ©sultent. Finalement cet entre-soi peut affecter ce que la dĂ©marche cherche Ă Ă©veiller la double capacitĂ© dâaffirmation de soi je suis et dâagir je peux ne pouvant transiter que par lâautre. Câest donc la rĂ©ciprocitĂ© qui place la pair-Ă©mulation sous le registre de lâĂ©thique. Mais seule la recherche de lâĂ©galitĂ© Ă travers lâinĂ©galitĂ© donne Ă la sollicitude sa dimension rĂ©flexion est dĂ©jĂ action61Que lâaccompagnement gagne Ă ĂȘtre conçu dans un lien entre connaissance et action, câest ce que deux ouvrages collectifs [44] ont posĂ©. Il sâagit bien dâun passage du paradigme positiviste qui sĂ©pare les savoirs des faits au paradigme de la complexitĂ© dans lequel la composante pragmatique le connu est indissociable de sa composante Ă©pistĂ©mique le connaissant et porte sur des faire la connaissance-processus » plutĂŽt que sur des faits connaissance-rĂ©sultat » [45]. La question nâest plus de transmettre des connaissances prĂ©sumĂ©es efficientes » mais de susciter les conditions cognitives et socioculturelles par lesquelles sâexerce la comprĂ©hension, lâaction intelligente du sujet formant projet » Le Moigne, 2000. Dans lâinteraction, la rĂ©flexion se rĂ©vĂšle ĂȘtre une dimension de lâaction. 62Lâaccompagnement apparaĂźt ainsi comme un projet multidimensionnel dĂ©libĂ©rĂ©ment construit, un processus paradoxalement finalisĂ© mais sans but final » Deshayes, 2000 qui doit son intĂ©rĂȘt au fait que dans des situations complexes, il sâavĂšre plus pertinent que le mode de relation archĂ©typal de lâexpert » Avenier 2000. Le projet y est compris non plus dans la seule sphĂšre du sujet mais bien comme la plate-forme oĂč se joue lâapproche globale des personnes et du devenir dâun territoire Gomez, 2000. Une pensĂ©e capable de comprendre le sujet dans sa situation suppose effectivement de considĂ©rer lâensemble dans lequel il se situe. Soustraire au tissu » comme au tissage » trahit une pensĂ©e dĂ©shumanisante qui ne traite que des individus abstraits PeyrĂ©, 2000. Cette Ă©cologie cognitive » procĂšde dâune Ă©thique des situations inscrites dans un contexte Ă intelligence contextuelle et circonstancielle Ă mobiliser63Si seul lâagir donne une prise effective sur le temps Chappaz, 1998, la rencontre de lâaction avec le temps est double. Elle a lieu dans un processus dâaccompagnement marquĂ© dâune caractĂ©ristique temporelle forte celle dâĂȘtre une action temporaire. Elle est aussi le fait dâune approche sâinformant des circonstances dans lesquelles se dĂ©roule lâaction et constituant la dimension conjoncturelle. Elle invite alors Ă dĂ©ployer tout le potentiel de la situation » [46] autant quâĂ enrichir le cheminement de tous les hasards, alĂ©as et autres Ă©manations inĂ©dites ou inattendues pouvant se produire dans le temps. On se trouve bien, avec lâaccompagnement, Ă reconstruire de la continuitĂ© du sens en jouant avec une temporalitĂ© discontinue marquĂ©e par les opportunitĂ©s, la saisie des occasions propices et des moments opportuns, toutes figures liĂ©es au Kairos [47]. 64Lâaccompagnement sollicite donc une intelligence circonstancielle » [48] autant que contextuelle. Il reste Ă explorer les rapports complexes entre espaces la relation, la place, la position, lâespace institutionnel et politique et temps de parole, de rencontre, fulgurance des instants et pĂ©riodicitĂ© des moments, enchaĂźnement des sĂ©quences⊠avec leurs dynamiques paradoxales proximitĂ© et distance, prĂ©sence et absence, dâoĂč dĂ©coulent les autres couplages en tension tels quâengagement / dĂ©sengagement ou implication / retenue. Toutefois, dans un contexte social dans lequel les temporalitĂ©s sont malmenĂ©es, un regard critique sur les pratiques en cours montre que des dĂ©rives certaines affectent les pratiques dâaccompagnement, dues Ă une prĂ©dominance du spatial sur le temporel privilĂ©giantlâidĂ©e de parcours sur celle de cheminement ;la posture sur la relation ;des objectifs Ă atteindre sur le temps nĂ©cessaire Ă une Ă©laboration psychique et triple exigence primautĂ© de la parole, valorisation de lâĂ©crit et rapport au rĂ©el65Car câest dans ce contexte Ă©minemment temporel que prĂ©vaut la parole. Lâaccompagnement en rĂ©fĂ©rant aux outils provoquant le sujet narration, rĂ©flexivitĂ©, problĂ©matisation, institue une parole mue par un dĂ©sir dâintelligibilitĂ© comme lieu des interprĂ©tations, de la symbolisation et de la problĂ©matisation. On dit bien quâune situation-problĂšme Fabre, 1999 est une situation qui interpelle la personne impliquĂ©e, quâentre lâĂ©tat prĂ©sent et lâĂ©tat souhaitable, il y a quelque chose qui fait question mais sans mesurer comment ce questionnement est justement ce moteur de recherche dont on a besoin ni Ă quel langage spĂ©cifique il doit son opĂ©rativitĂ©. Cela suppose que les professionnels acquiĂšrent la spĂ©cificitĂ© de ce questionnement, de cette parole incitative qui vise moins Ă jouer des questions / rĂ©ponses quâĂ aider lâautre Ă se poser les questions pertinentes relatives Ă sa situation. Le trajet ne va donc pas dâune question Ă sa rĂ©ponse ou dâun problĂšme Ă sa solution mais des rĂ©ponses aux questions. 66Sans questionnement, il nây a pas de rapport au rĂ©el, pas de construction de la rĂ©alitĂ© le rĂ©el ne sâapprĂ©hende quâen lâinterrogeant. DâoĂč le concept de situation qui conduit Ă penser en terme de problĂ©matique et confirme quâil nây a pas Ă rĂ©soudre mais Ă soutenir et dĂ©velopper la tension interne aux situations lâagir situationnel est consubstantiel Ă la connaissance des mouvements et des processus rĂ©ellement existants dĂšs lors que ce qui est en jeu ne vise pas Ă rĂ©soudre un problĂšme mais bien Ă dĂ©ployer la puissance dâagir. Si on sâadresse Ă un individu dotĂ© dâune capacitĂ© rĂ©flexive, on ne se trouve donc plus dans le modĂšle du sujet autorĂ©flexif se saisissant lui-mĂȘme en se rapportant Ă lui-mĂȘme comme objet et se connaissant de maniĂšre interne mais dans le modĂšle dâun sujet dont lâindividuation est coextensive aux interactions mĂ©diatisĂ©es par le langage. On passe ainsi de la conception de la subjectivitĂ© autorĂ©flexive Ă celle dâun soi se construisant dans ses interactions avec les autres. Câest, selon la formule consacrĂ©e, dans lâĂ©change mĂȘme que sâeffectue le changement. 67Par ailleurs, lâaccompagnement est liĂ© Ă des dĂ©marches dans lesquelles lâĂ©criture sur la pratique est un enjeu de la professionnalisation. LâĂ©criture Ă©pistĂ©mique produit de la connaissance qui transforme Ă son tour lâexpĂ©rience dont elle est issue. Alors quâon sâinterroge lĂ sur les effets pervers de lâaccompagnement en formation, on souligne ici les effets positifs de formation Cros, 2005 produits par lâaccompagnement ! Toutes les dĂ©marches dâaccompagnement partent dâun principe on ne peut avoir accĂšs Ă la connaissance des pratiques sans passer par la subjectivitĂ© des acteurs. Les processus sont ceux qui se jouent au travers de la subjectivation, de la sĂ©miotisation et de la symbolisation, notamment par lâintermĂ©diaire de la parole. Or cette puissance de la parole qui finalement rĂ©vĂšle la face mĂ©connue du travail, ne devient effective que sâil y a une Ă©quitĂ© entre celui qui prend des risques en parlant ⊠et celui qui prend des risques en lâĂ©coutant » [49]. Câest cette nĂ©gociation de sens qui est mise au travail quand, dans la rĂ©ciprocitĂ© du parler et de lâĂ©couter, chaque parole profĂ©rĂ©e ou entendue est la chance dâun Ă©veil, la possibilitĂ© dâactualisation de potentialitĂ©s, la dĂ©couverte dâune valeur Ă lâappel de laquelle lâun nâa pas encore Ă©tĂ© sensible. Ce nâest toutefois pas du langage lui-mĂȘme que cette dĂ©marche tient son efficience mais du travail de la pensĂ©e engagĂ© dans un contexte relationnel langagier. Si le langage a toujours Ă©tĂ© utilisĂ© comme moyen privilĂ©giĂ© pour accĂ©der aux valeurs dĂ©cisives dignes dâorienter une destinĂ©e, en visant la coĂŻncidence entre ĂȘtre et faire, lâaccompagnement participe donc Ă la fois de la sĂ©miotisation de lâexpĂ©rience et de la rĂ©habilitation de la parole sur soi, plus prĂ©cisĂ©ment sur son dans cette dĂ©marche que se situent notamment les approches sur lâautobiographie professionnelle ou carriĂ©rologique de Robin 2001. Câest aussi dans cet enjeu de professionnalisation par lâĂ©crit et son instauration au sein dâun accompagnement que se joue la VAE. Lâaccompagnement peut ĂȘtre dĂ©fini comme modalitĂ© de production de savoir par un sujet qui en est la source et le moteur, lâaccompagnant cheminant Ă ses cĂŽtĂ©s en respectant strictement le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant de lâapprenant et ses droits » LainĂ©, 2005. Le rĂŽle de lâaccompagnement est contenu dans les processus dâexplicitation et dâĂ©laboration des connaissances. Conçu comme autoformation, liĂ© Ă une modification du rapport au savoir et Ă une approche clinique, au-delĂ dâune dimension technique dâĂ©coute dans la description et lâanalyse des pratiques, lâaccompagnement apparaĂźt avant tout comme dialogue entre deux subjectivitĂ©s » LainĂ©, 2005 ou, plus justement, comme le souligne LainĂ©, il se montre Ă travers un appareillage technique sous lequel se joue un autre questionnement Ă©thique incontournable68Lâaccompagnement, comme on lâaura vu, est traversĂ© de toutes parts par un questionnement Ă©thique. Dâun cĂŽtĂ©, la question est liĂ©e Ă la responsabilitĂ© engagĂ©e par un professionnel au sein dâune relation avec lâautre. Comment peut-il lui-mĂȘme Ă©valuer les effets de ses actions ? De lâautre, si lâaccompagnement dĂ©pend de la reprĂ©sentation que lâon se fait de lâaccompagnĂ© en tant que sujet, personne, de la valeur que lâon accorde au sujet en mouvement », Ă lâidĂ©e de crĂ©ation continue de soi » [50], ce questionnement est bien de lâordre Ă©thique avant dâĂȘtre un positionnement Ă©pistĂ©mologique. Câest la relation de personne Ă personne, ce rapport dâĂȘtre humain, qui fait de lâaccompagnement autre chose quâun dispositif de rĂ©gulation câest-Ă -dire de contrĂŽle social, Ă la condition que les valeurs sâincarnent dans lâaction » Vial, Caparros-Mencacci, 2007. Mettre ses valeurs au travail au sein de la relation est la condition mĂȘme pour que lâaccompagnement puisse avoir lieu. LâĂ©thique de lâaccompagnement est ce qui sâactualise » dans lâaccompagnement, et non un Ă©noncĂ© dâintention Vial, Caparros-Mencacci, 2007.Dire que la question Ă©thique renvoie aux valeurs mobilisĂ©es dans lâacte quand celui-ci se joue sur fond de rapport humain, câest prendre acte de lâinsaisissable auquel il confronte â et ce nâest plus ici penser la relation dâaccompagnement sur fond dâalĂ©as et dâincertitudes mais de mise en dâĂ©thique sans Ă©valuation subsĂ©quente69Sâil nây a pas dâĂ©thique sans Ă©valuation, cela contraint Ă voir que lâaccompagnement ne se rĂ©duit pas au couple accompagnant / accompagnĂ©. Trois niveaux inter-reliĂ©s et interfĂ©rant sont Ă distinguer pour dĂ©gager son efficience et entreprendre son Ă©valuation celui des acteurs micro, celui du dispositif mĂ©so, celui du systĂšme macro Haeuw, Poisson, 2003. Lâinscription institutionnelle nâest pas seulement un enjeu de visibilitĂ© et de lĂ©gitimitĂ© elle pose, par le biais des instructions, rĂšgles, rĂ©fĂ©rences, un premier rapport au rĂ©el. La question est celle de savoir si, institutionnellement parlant, on est prĂȘt Ă enclencher les changements que lâaccompagnement suppose et comment les usagers peuvent en ĂȘtre les principaux bĂ©nĂ©ficiaires. Si on a prĂ©cĂ©demment soulignĂ© la satellisation de lâaccompagnement Ă la pĂ©riphĂ©rie des grands institutions, câest cependant cette inscription dedans-dehors qui autorise une marge de manĆuvre ou de crĂ©ativitĂ© ni totalement asservie aux commandes institutionnelles ni exclusivement assujettie aux besoins singuliers de la personne accompagnĂ©e. 70La fonction dâaccompagnement confronte donc Ă un rĂŽle composite » dans la mesure oĂč elle est imbriquĂ©e avec la fonction de contrĂŽle dans un processus dâĂ©valuation Thuilier, Vial, 2003. La premiĂšre fonction vise Ă dĂ©velopper les possibles, promouvoir des potentiels et un changement, quand la seconde vise la vĂ©rification de la conformitĂ©, lâadĂ©quation aux normes, et procĂšde par mesure des Ă©carts, correction et rĂ©gularisation. Lâune et lâautre nâont pas les mĂȘmes buts, ne suscitent pas les mĂȘmes attitudes mais leur complĂ©mentaritĂ© est Ă la fois utile et exigĂ©e ».Une formation professionnelle Ă construire pour les accompagnants71Si lâaccompagnement est probablement plus une fonction quâun mĂ©tier, voire une activitĂ©, peut-on considĂ©rer quâil prĂ©side Ă un champ en voie de constitution ? On sait que Bourdieu [51] a forgĂ© cette notion de champ pour dĂ©signer des univers sociaux caractĂ©risĂ©s par des espaces et des intĂ©rĂȘts spĂ©cifiques, autour dâenjeux reconnus et dâacteurs acceptant le jeu et les rĂšgles du jeu. Si on est loin dâune autonomisation de ce champ, on pressent toutefois que lâon ne pourra pas avancer dans la conception de lâaccompagnement sans comprendre les reprĂ©sentations que se font de leur pratique les diffĂ©rents acteurs, Ă partir de leur position Ă lâintĂ©rieur de ce champ et de leur reconnaissance de cette appartenance. Or il est Ă craindre que chaque acteur intervienne Ă partir de la logique de son secteur professionnel, et non pas nĂ©cessairement de celle de lâaccompagnement. 72DĂšs lors que la question du sens est inachevable, quâelle engendre des questionnements et des Ă©valuations continues sur ce qui semble ĂȘtre, sur ce qui semble se faire et sur ce qui semble vouloir ĂȘtre » [52], alors lâaccompagnant est redevable dâun travail sur lui-mĂȘme qui pose et repose sans cesse la question de savoir sur quelle modalitĂ© il pense et vit son rapport Ă lâautre, qui remet en chantier sa conception du monde en mettant son systĂšme de rĂ©fĂ©rences en travail » Vial, 2007. Ce travail sur soi consiste pour une part au deuil de la saisie du rĂ©el ». Câest bien, comme lâa montrĂ© Lacan, parce que le rĂ©el fait obstacle, quâil dresse la personne face Ă un questionnement inachevable et quâil devient entre les personnes le perpĂ©tuel enjeu de leurs rapports. Aussi un tel travail est-il indispensable et se constitue-t-il par consĂ©quent comme Ćuvre ouverte, engendrant quasi Ă lâinfini des lectures plurielles dĂšs lors que nous concevons que le rĂ©el est moins Ă dĂ©couvrir quâĂ construire et que la tĂąche la plus haute est encore de nous en accommoder. Sâil procĂšde donc inĂ©vitablement dâun remaniement identitaire, ce travail sur soi ne peut se rĂ©duire Ă une autoĂ©valuation, fusse-t-elle constante, ni Ă un effort de luciditĂ©, mĂȘme sâil les inclut. Il ne sâagit plus de sâajuster soi-mĂȘme Ă des fins quelconques mais de creuser ce fond dâoĂč Ă©merge ce pour quoi nous nous dĂ©terminons » ? Câest ce questionnement fondamental qui constitue la prise en charge de soi et lâenjeu de nous tenir en lui dans le temps. Ce travail ne dĂ©signe donc pas une activitĂ© spĂ©cifique mais lâaccomplissement effectif de cette prise en charge, autrement dit de notre vocation humaine. Le propre de lâaccompagnement est alors de concevoir que lâaccompagnant nâa pas lâexclusivitĂ© de ce travail sur soi dĂšs lors quâun accompagnement procĂšde du fond dâoĂč Ă©merge le questionnement de notre rapport Ă nous-mĂȘmes, en prĂ©sence et en relation aux autres, dans le question devient alors comment former des accompagnants ? On ne se formera ni par lâimmersion dans la fonction ; ni par lâimitation. On pressent quâun entraĂźnement au repĂ©rage des processus en jeu est indissociable de la question de son positionnement propre dans ces processus, que lâidentification des Ă©lĂ©ments contribuant Ă la construction dâune relation ne dit rien du regard que lâon porte sur autrui. Il est donc probable quâune formation des professionnels Ă lâaccompagnement suppose une nĂ©cessaire Ă©volution des cadres habituels de la formation des adultes. Car les fondamentaux ne sâexpliquent pas ils sâĂ©prouvent et se mettent en Ćuvre, ils se cherchent et inscrivent nos actes en cohĂ©rence avec nos valeurs. Nous nâavons pas Ă les apprendre dâun autre mais Ă les chercher dans nos pratiques et Ă en comme pratique contextuelle73Que dĂ©signe donc la pratique dâaccompagnement ? Peut-on, Ă partir de sa dĂ©finition minimale, percevoir ses caractĂ©ristiques actuelles ? Si lâĂ©noncĂ© prĂ©cĂ©dent a quelque crĂ©dit, il apparaĂźt, au regard de ces lignes de force innervant la pratique, que lâaccompagnement Ă travers ses diffĂ©rents usages tend Ă se dĂ©finir comme pratique contextuelle. Celle-ci nâest pas seulement un sur mesure » au regard dâun individu. Elle sâadresse Ă une personne singuliĂšre et concrĂšte, inscrite dans une situation prĂ©cise et qui a recours, Ă un moment donnĂ© de son histoire, Ă une forme relationnelle dâinterlocution pour parler et penser lâĂ©volution de la situation qui est la sienne dans un contexte donnĂ©. 74La premiĂšre qualitĂ© dâune pratique contextuelle tient au fait dâĂȘtre directement connectĂ©e Ă un sujet aux prises avec son histoire immĂ©diate et son inscription dans le tissu du monde concret. Elle est toujours contingente et circonstancielle. Ce qui est produit par une pratique contextuelle rĂ©sulte dâune rĂ©flexion engageant le sujet au niveau dâune action. Sa portĂ©e est donc toujours relative. Câest bien un changement objectivable qui est attendu et non une transformation de la personne. Mais celui-ci est indĂ©niablement liĂ© Ă un repositionnement rĂ©sultant dâune reconstruction par la personne concernĂ©e de la rĂ©alitĂ© en jeu. La rĂ©alitĂ© en tant quâactualitĂ© ce qui est et effectivitĂ© ce qui se fait ressortit dâune prĂ©sence active, accomplie dans lâimmĂ©diatetĂ©, au cĆur dâun univers concret. Loin de nâĂȘtre quâune rĂ©solution de problĂšme, la dĂ©marche contextuelle a pour but un enrichissement au contact du monde. 75DĂ©velopper une attention aux contextes implique dâĂȘtre vigilant Ă ce que chaque contexte permet, refuse, cache ou met en valeur un dispositif est alors la construction des agencements qui permettent dâintroduire un changement dans la situation prĂ©sente. La question centrale est que la construction du sens des situations ne peut relever que de la personne concernĂ©e, et câest bien ce travail de construction du sens quâil sâagit dâaccompagner. Un acteur engagĂ© dans une situation progresse dans la rĂ©flexion par la mobilisation des ressources notamment le dialogue et parvient Ă une connaissance de lui-mĂȘme en situation. En ce sens, non seulement lâaccompagnement adopte le postulat constructiviste qui veut que nous inventions la rĂ©alitĂ© plus que nous ne la dĂ©couvrions mais il tend Ă sâinscrire dans une logique de la compĂ©tence. Lâentretien devient alors un moment du social » venant bousculer et activer Ă©nergies et dĂ©sirs au contact dâun environnement. Sâil sâagit dâaccompagner un professionnel vers lâatteinte dâun objectif prĂ©cis, dans un contexte donnĂ©, cet aller vers se double nĂ©cessairement dâun ĂȘtre avec qui engage le professionnel, impliquant quâil se positionne dans la relation tout en persĂ©vĂ©rant sur le niveau de lâ seulement lâaccompagnement ne dĂ©coule pas dâune thĂ©orie dont il serait lâapplication mais il se constitue Ă la croisĂ©e de plusieurs champs quâil hybride et/ou enrichit. En ce sens il tranche sur les pratiques issues de thĂ©ories identifiables dans des champs prĂ©cis comme ceux de la psychologie ou de la mĂ©decine lâaccompagnement diffuse Ă travers tous les champs. Si ses dĂ©buts ont suscitĂ© des rĂ©flexions teintĂ©es dâun certain idĂ©alisme, lâaccompagnement aujourdâhui tend Ă une dimension pragmatique Ă travers la primautĂ© donnĂ©e Ă la personne en situation dans un contexte donnĂ©. Câest dâailleurs parce que lâaccompagnement est essentiellement une pratique contextuelle quâil nâest pas un mĂ©tier et que ses professionnels se mĂ©langent aux autres acteurs du paysage social. Ceci engendre toutefois deux risques. Le premier est quâil se confonde avec ses objets ou se laisse absorber par eux. Le second concerne sa concrĂ©tisation susceptible de bafouer la possibilitĂ© de refuser dâĂȘtre accompagnĂ©76Sâil fallait avancer dans lâĂ©laboration conceptuelle de lâaccompagnement, câest bien en identifiant les rĂ©fĂ©rents thĂ©oriques, pratiques, mĂ©thodologiques, Ă©pistĂ©mologiques et câest Ă cette nĂ©cessitĂ© que rĂ©pond lâouvrage de Vial et Capparos-Mencacci 2007. Comment lâaccompagnement, cette forme bĂątarde issue de la vie ordinaire ou des activitĂ©s bĂ©nĂ©voles, banniĂšre politique de ces vingt derniĂšres annĂ©es, peut-il prĂ©tendre Ă une dimension professionnelle ? Les auteurs dont lâouvrage contribue Ă la dĂ©finition dâun savoir accompagner professionnellement » font le pari de cette possibilitĂ© de professionnalisation mais non sans conditions. Une premiĂšre condition suppose dâidentifier les processus spĂ©cifiques Ă lâĆuvre dans les pratiques concrĂštes. Or seul un intĂ©rĂȘt portĂ© aux pratiques existantes mises en Ćuvre par les praticiens peut rĂ©vĂ©ler ce quâaccompagner veut dire. Cette tĂąche, fondĂ©e en principe mĂ©thodologique, conduit Ă mettre en lumiĂšre les aspects contradictoires issus de la pluralitĂ© de discours tenus sur lâaccompagnement. Une seconde condition en est la consĂ©quence elle invite Ă penser lâexigence dâune professionnalisation de ses acteurs. Pour les auteurs, lâaccompagnement dĂ©signe une fonction Ă©ducative dĂ©finie comme une pratique dâĂ©valuation situĂ©e, une pratique problĂ©matisĂ©e Ă chaque situation, par lâutilisation dâune matrice de rĂ©fĂ©rences possibles ». Enfin, lâaccompagnement sâinscrit bien dans un champ de professionnalisation non seulement par le transfert de compĂ©tences quâil met en jeu mais surtout par le fait que celles-ci relĂšvent davantage de postures que de technicitĂ©. 77Le travail de Vial et Capparos-Mencacci condense ainsi les questions posĂ©es de maniĂšre rĂ©currente par les praticiens. De toute Ă©vidence, le discours sur lâaccompagnement a dĂ©sertĂ© les tonalitĂ©s irĂ©niques de ses premiers partisans. Au charisme invoquĂ© pour son exercice sâest substituĂ©e la nĂ©cessitĂ© de se doter de repĂšres. Cependant, lâouvrage des auteurs que nous venons dâĂ©voquer semble pris dans le phĂ©nomĂšne quâil critique. Chacun voyant midi Ă sa porte, ainsi les auteurs conçoivent-ils lâaccompagnement Ă partir dâun cadre qui est le leur lâĂ©valuation, la problĂ©matisation. Que lâĂ©valuation et la problĂ©matisation justifient une posture dâaccompagnement est une chose. Dire que lâaccompagnement est une pratique dâĂ©valuation et de problĂ©matisation en est une autre. Lâaccompagnement, au sens fondamental, aurait-il encore Ă©chappĂ© ? 78NĂ©anmoins, cet ouvrage apporte une contribution estimable Ă lâidentification des processus contribuant Ă une dynamique dâaccompagnement. Il tend Ă prĂ©figurer les orientations qui contribueront Ă son Ă©laboration conceptuelle, notamment lâorientation par lâaction et la problĂ©matisation. Avec lâorientation par lâaction, la pratique dâaccompagnement sâen trouve dĂ©finie par lâaval en ce sens, elle demeure encore dans le sillage de la pĂ©dagogie par objectif mais tranche sur les actions sociales rationnellement organisĂ©es en fonction de lâatteinte dâun rĂ©sultat. La dĂ©marche de problĂ©matisation quant Ă elle place lâaccompagnement dans un registre de problĂšme non Ă rĂ©soudre mais Ă poser / construire / Ă©lucider. Ces deux processus, de lâorientation par lâaction et de la problĂ©matisation concernent, mais distinctement lâaccompagnant et lâaccompagnĂ©. Dire que ces deux processus ont lâinterlocution comme espace dynamique, câest rappeler la dimension dialogique qui caractĂ©rise tout accompagnement, la valeur du questionnement qui le sous-tend et lâĂ©coute qui lâ si toute relation humaine peut ĂȘtre potentiellement une aide, avec lâaccompagnement, nous ne nous trouvons donc plus aujourdâhui ni dans le paradigme de la relation dâaide au sens roggĂ©rien du terme ni, Ă proprement parler, dans les sphĂšres des Ă©tayages Vial, Caparros-Mencacci, 2007 au sens pĂ©dagogique du terme. Dans un monde oĂč la question de la formation des adultes a pris le relais sur celle de lâĂ©ducation des enfants, on est ainsi passĂ© Ă une visĂ©e de professionnalisation impliquant un dĂ©veloppement des compĂ©tences et lâacquisition de nouvelles attitudes cognitives telles que la rĂ©flexivitĂ© et la problĂ©matisation. Sâil fallait qualifier lâaccompagnement aujourdâhui, on se risquerait donc Ă lui attribuer une dimension formative » au sens oĂč HonorĂ© la dĂ©finit 1992 autrement dit une dĂ©marche animĂ©e par une interrogation sur lâexistence, doublĂ©e dâune exigence celle de sâactualiser dans la rĂ©alitĂ© sociale Lhotellier, 2001, incluant un compagnonnage rĂ©flexif » comme le propose si bien Donnay 2008.Perspectives79Lâaccompagnement ne part donc pas de rien. Il est bien dans le sillage mutant de rĂŽles assignĂ©s par les institutions dans une phase antĂ©rieure et repensĂ©s autour de la notion de personne en situation. Il sâinvente Ă partir de pratiques et de thĂ©ories existantes dâoĂč le risque de confusion. Il sâinscrit dans une longue filiation de pratiques, plus prĂ©cisĂ©ment de postures anthropologiques Ă portĂ©e existentielle. On ne peut toutefois quâexercer une vigilance critique Ă une conclusion hĂątive qui nous verrait penser notre sociĂ©tĂ© comme favorisant un regain de sollicitude. Entre se recommander dâune Ă©thique de la reconnaissance selon RicĆur 2004 qui propose de mettre en valeur lâhomme capable » afin de contribuer Ă une forme de reconnaissance non violente - et une Ă©thique minimaliste Ă la Ruwel Ogien 2007, rĂ©duite Ă un seul devoir non nuisance, autrement dit non ingĂ©rence vis-Ă -vis dâautrui, sans doute devons-nous rester lâaccompagnement comme pratique paradoxale80Si lâaccompagnement nâest pas Ă proprement parler un mĂ©tier mais une fonction, câest bien parce que le professionnel tient dâabord son efficience dâune posture une efficience symbolique puisquâil reprĂ©sente lâinstitution, mais aussi une efficience imaginaire puisque câest en tant que personne quâil dote, Ă ses risques, ce positionnement de qualitĂ©s estimĂ©es nĂ©cessaires Ă lâinstauration dâune relation et dâun dialogue. Lâaccompagnement est donc le nom donnĂ© Ă cette fonction consistant Ă assumer un double paradoxe celui que font peser sur lui les exigences de fonctionnalitĂ© et de rentabilitĂ© Ă©conomique, celui qui est liĂ© au mouvement de subjectivation et de responsabilisation qui caractĂ©rise le rapport des individus Ă leur propre parcours et Ă leur place dans la sociĂ©tĂ© » BiarnĂšs, 2006 le premier est fondĂ© sur le travail sur autrui mettant en Ă©chec le second, la relation de personne Ă personne, le travail avec autrui. Le risque est dâappeler accompagnement ce qui nâest quâune prestation de service de fournisseur Ă client et de compromettre non seulement ce quâil en est dâune dimension de coopĂ©ration et dâorientation participante mais Ă©galement le seul but jugĂ© valoir la mise en action dâun acteur dans son environnement. Le sacrifice dâune unitĂ© de temps substantielle au dĂ©triment de lâatteinte dâun rĂ©sultat rapide pour lequel la personne est plus ou moins dĂ©simpliquĂ©e, a donc un coĂ»t non nĂ©gligeable. 81On peut comprendre comment les pratiques dâaccompagnement peuvent relever simultanĂ©ment du centre et de la marge, ce qui pose deux questions. Comment la marge le marginal accompagnĂ© » et le centre le professionnel reprĂ©sentant de la norme entretiennent-ils des rapports paradoxaux dâunitĂ© et dâidentitĂ© qui se contredisent » NĂšgre, 1999 ? Comment lâactivitĂ© de la marge Ă travers des dispositifs dâaccompagnement participe-t-elle du maintien du systĂšme, se nourrissant en quelque sorte de cette manne nouvelle pour sa propre Ă©volution et son Ă©ventuelle transformation ? Il importe donc que les professionnels de lâaccompagnement dĂ©veloppent une certaine luciditĂ© pour se positionner, non Ă la solde dâun systĂšme quâils contestent tout en lâentretenant, ni en contestataires stĂ©riles de la norme, ce qui invaliderait et leur travail et leur fonction â mais en producteurs dâun sens nĂ©gociĂ©, rĂ©sultant dâun dialogue et dâune parole partagĂ©e. Car il sâagit moins dâĂ©radiquer le paradoxe qui fait problĂšme que de le rendre habitable » [53], condition de toute professionnalitĂ©. Il en va dâun dĂ©fi celui qui consisterait Ă faire la part des choses et Ă amener la lumiĂšre sur cet ingouvernable » dont lâaccompagnement est lestĂ© en se constituant comme stratĂ©gie de dispositif. Probablement faut-il, avec Agamben 2007, penser que ce problĂšme ne sera vĂ©ritablement posĂ© que lorsque les professionnels de lâaccompagnement se sentiront en mesure dâintervenir non seulement sur les processus [54] mais Ă©galement sur les dispositifs. Ce dĂ©fi ne peut ĂȘtre que le fruit dâun travail dâĂ©quipe, de professionnels rĂ©flĂ©chissant sur leurs pratiques et leurs fondements, et sur le pari dâune crĂ©ativitĂ© des organisations Ă travers leurs acteurs, laquelle crĂ©ativitĂ© Ă son tour est susceptible de re-lĂ©gitimer lâ lâaccompagnement par la pensĂ©e nĂ©gative82Sans doute la difficultĂ© Ă laquelle se confronte lâaccompagnement lui vient dâĂȘtre traversĂ© par une pluralitĂ© de discours Ă©thique, politique, technique, pragmatique. Il sâagit alors de rĂ©sister Ă tout systĂšme rĂ©ducteur et tenter de formuler les fondements sans lesquels il nây aurait pas dâaccompagnement. Lâaccompagnement ne dit rien de sa spĂ©cificitĂ© ni dans lâhybridation de ses formes prĂ©sentes, ni dans la tentation de ressusciter ses antĂ©cĂ©dents historiques, ni dans sa dĂ©termination par lâaval, autrement dit la commande des financeurs. Il convient non pas de rĂ©fĂ©rer la pratique actuelle aux formes que lâaccompagnement a pris dans le temps mais bien dâidentifier Ă la fois le soubassement dâoĂč il tient sa spĂ©cificitĂ© et les caractĂ©ristiques contextuelles dont il se dote aujourdâhui. 83On se trouve donc Ă identifier quatre glissements orchestrĂ©s par le concept dâaccompagnement philosophique des philosophies de lâĂȘtre aux philosophies de lâagir, Ă©pistĂ©mologique dâune reprĂ©sentation du monde relevant de la causalitĂ© linĂ©aire Ă une causalitĂ© circulaire, mĂ©thodologique dâune grille unique Ă une pluralitĂ© de regards pour un dĂ©codage du rĂ©el et de sa complexitĂ© une Ćuvre ouverte », Ă©thique de la recherche dâune cohĂ©rence explicative Ă un modĂšle contingent aux projets et valeurs de la personne. 84Lâaccompagnement se dote de repĂšres Ă©pistĂ©mologiques Ă travers le paradigme constructiviste et celui de lâautonomie, thĂ©oriques Ă la croisĂ©e des thĂ©ories du dĂ©veloppement de la personne et des thĂ©ories de lâaction, mĂ©thodologiques crĂ©er les conditions dâun agir en favorisant une posture de rĂ©flexivitĂ©, Ă©thiques dans la tension entre rĂ©pondre de et rĂ©pondre Ă pour ne pas se fourvoyer dans une logique de responsabilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Il nâest toutefois pas certain que les dispositifs Ă venir, sous couvert dâaccompagnement, autorisent ce plein travail dâune aide pour penser ce que je pense » et sentir ce que je sens », posant, aux cĂŽtĂ©s dâune dimension Ă©thique, une dimension esthĂ©tique encore sous-estimĂ©e. 85Le privilĂšge des pensĂ©es nĂ©gatives qui dĂ©signent ce Ă quoi elles sâopposent mais ne prĂ©cisent pas pour autant ce avec quoi elles sâaccorderaient est de se soustraire Ă toute contestation elles prospĂšrent Ă lâabri de leur propre vague. La force invulnĂ©rable de ces pensĂ©es de lâailleurs consiste paradoxalement en leur impuissance Ă se dĂ©finir elles-mĂȘmes. Leur sort est de faire miroiter un au-delĂ dâune positivitĂ© fantomale. Mais la vertu de cette dĂ©finition par la nĂ©gative est de provoquer un vide qui prĂ©dispose Ă lâexpĂ©rience. On ne percevra le propre de lâaccompagnement quâen renonçant Ă lâĂ©clairer de quelques principes ou thĂ©ories qui lui seraient extĂ©rieurs. Car, ou bien câest notre raison qui dĂ©cide ce qui est vrai, ou bien câest lâexpĂ©rience. Et, en matiĂšre dâaccompagnement, on ne saura le comprendre quâen interrogeant lâexpĂ©rience quâon en fait dans les deux rĂŽles, de lâaccompagnant et de lâ questionnons-nous quand on pose la question de lâaccompagnement ? Câest bien parce que cette question prĂ©alable est nĂ©gligĂ©e que la spĂ©culation sur le mot flotte en lâair sans appui sur le sol et pioche dans le vide. Car identifier les fondamentaux de lâaccompagnement ne consistera pas seulement Ă en dĂ©limiter le domaine mais Ă percevoir la teneur du sol ». Ce travail de prospection suppose que lâon ait fait soi-mĂȘme cette expĂ©rience dâaccompagner et dâavoir Ă©tĂ© accompagnĂ©e. Câest Ă la profondeur de cette expĂ©rience quâon saura ce quâelle exige. Il sâagit de dĂ©faire ce qui est mis en Ćuvre afin de rendre perceptible ce qui lie cet ensemble et ce en quoi il sâaccomplit â et non dâen rajouter. Câest une expĂ©rience de dĂ©nudation et non de complĂ©tude. Alors certes les mots manquent toujours un peu quand on se trouve Ă dire la proximitĂ© de lâessentiel dâautant que le fond, par essence, se dĂ©robe toujours. Car le fond nâest pas une idĂ©e ou une chose mais une attitude, une intention. Il ne peut sâexpliciter et câest pourtant par rapport Ă lui que sâĂ©tablit le sens de tout ce que je peux dire et en posture de veille questionnante86Certes le rĂ©el rĂ©sistera toujours et ce qui se joue dans un accompagnement Ă©chappera dâune maniĂšre ou dâune autre. Pour autant on comprendra quâon ne peut relĂ©guer cette question Ă un discours de restance » sans le doter dâune aura mystique. Si se professionnaliser suppose un travail sur soi, alors il faut pouvoir Ă©noncer ce sur quoi se centre lâattitude professionnelle et identifier en quoi se fonde lâobjet de sa relation Ă lâautre. On ne se trouve plus Ă penser lâaccompagnement Ă partir de ce qui est utilisĂ© mais Ă partir de ce qui mobilise les personnes. La direction du questionnement emprunte en consĂ©quence celle de lâattention ou de la veille. Ă quoi est-il ou doit-il [55] ĂȘtre attentif ? Ă quoi est-il ou doit-il ĂȘtre disponible ? Ă quoi est-il ou doit-il ĂȘtre ouvert ? Puis comment ce qui est perçu est considĂ©rĂ© ? En vue de quoi ces perceptions prennent-elles forme et sens ? Pour rĂ©pondre Ă quel besoin fondamental ? Alors effectivement lâaccompagnante est remise en question, en travail dĂšs lors quâil/elle accomplit ce mouvement de rassemblement ou de retour sur lui-mĂȘme/elle-mĂȘme en tant quâhomme ou femme, dans la perspective de son redĂ©ploiement dans une relation Ă autrui. Câest bien tout ce pan dâexpĂ©rience qui reste en jachĂšre. Lâenjeu nâest pas seulement dâapporter des rĂ©ponses ; il est surtout dâaccepter que la mise en chemin corresponde Ă la pertinence du questionnement orientant sans cesse la direction des interrogations sans dit, la tĂąche qui sâimpose dans lâĂ©lucidation de lâaccompagnement nâest pas de faire ressortir des concepts gĂ©nĂ©raux mais de mettre au jour la direction du questionnement indiquĂ© par le mot accompagnement. Câest Ă cette occasion quâil sera possible de confirmer ou pas si on peut saisir une certaine unitĂ©, sur la base de laquelle nous pourrons parler dâun radical commun Ă tout accompagnement en des acceptions multiples. Pour avancer dans cette tĂąche, il semble opportun de veiller Ă ce que 87la sortie de la confusion sâeffectue sans trancher ce qui ne peut lâĂȘtre, Ă savoir les dilemmes constitutifs mĂȘme de lâaccompagnement former et/ou accompagner, accompagner et/ou Ă©valuer, par exemple ;lâaccompagnement professionnel rĂ©ponde de la question du dĂ©veloppement personnel et non Ă la question de ce veille doublement questionnante ne saurait constituer une simple option Ă©pistĂ©mologique ; elle renvoie plus fondamentalement Ă une posture Ă©thique, celle de lâaccompagnement. Notes [1] Cadre de lâInstitut de formation et de recherche aux mĂ©tiers de lâĂ©ducation spĂ©cialisĂ©e [2] Il a Ă©tĂ© Ă©tabli Ă partir du site Consultation au [3] On voit aussi apparaĂźtre, plus rĂ©cemment, des propositions Ă caractĂšre commercial de type coaching scolaire ». [4] On pense, par exemple, Ă lâaccompagnement Ă la scolaritĂ© qui est dĂ©nuĂ© de sens lorsquâil se rĂ©duit Ă ĂȘtre de la classe aprĂšs la classe ». [5] Lois du 2 janvier 2002 rĂ©novant lâaction sociale et mĂ©dico-sociale, du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et du 11 fĂ©vrier 2005 concernant les personnes handicapĂ©es. [6] Dont les rĂ©fĂ©rences sont notamment Edgar Morin ou Francesco Varela. [7] La loi sociale du 2 janvier 2002 participe de la reconnaissance de lâaccompagnement social elle rĂ©affirme la place de lâusager au centre du dispositif », entend promouvoir lâautonomie, la protection des personnes et lâexercice de leur citoyennetĂ©. [8] Le dispositif en lui-mĂȘme est le rĂ©seau qui sâĂ©tablit entre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments tels que discours, institutions, lois, mesures, voire propositions philosophiques Agamben 2007. [9] Le terme dispositif rĂ©pond Ă trois sens juridique, technologique et militaire, chacune de ces significations Ă©tant prĂ©sente dans lâusage quâen fait Foucault. Agamben 2007. [10] Ce qui, Ă la base, nâa pas visĂ©e de nuire mais de protĂ©ger. [11] Processus qui nâadvient quâen se niant, autrement dit en se jouant sur fond de dĂ©subjectivation Agamben 2007. [12] La reconnaissance de lâexpĂ©rience comme source dâapprentissage et de compĂ©tence aboutit Ă la validation des acquis de lâexpĂ©rience VAE comme obtention dâun diplĂŽme sans passage par la formation, Fiche 3 de la circulaire CDR 97/25 du 24 octobre 1997. [13] Quâest-ce qui fonde telle maniĂšre de faire plutĂŽt que telle autre ? Quelles nouvelles questions naissent au contact des fonctions qui lui sont confiĂ©es ? OĂč en est-il par rapport Ă son projet professionnel et Ă ce qui lâanime pour sâengager dans tel mĂ©tier ? [14] Par la comprĂ©hension rĂ©ussir en pensĂ©e ou par lâaction rĂ©ussir en action, selon les principes du dĂ©veloppement cognitif de Piaget 1974. [15] La racine indo-europĂ©enne ag- pousser devant soi » a fourni le grec agein qui signifie conduire et le latin agere qui signifie agir quelle conduite » relationnelle crĂ©e les conditions dâun pouvoir agir ? [16] Pottier Martine 2008. La rĂ©forme du DEES. La Lettre de Buc Ressources, n° 41 [17] Si lâon se rĂ©fĂšre au nĂ©ologisme dâHenri Desroches 1978, lequel peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un des pionniers introduisant lâaccompagnement en formation. [18] Le BouĂ«dec G. dir, du Crest A., Lhotellier A., Pasquier L., Stahl R. 2001. Lâaccompagnement en Ă©ducation et formation â Un projet impossible ? Paris LâHarmattan. [19] Tels que manger ou ĂȘtre mangĂ© » dont lâautre version est dominer ou ĂȘtre dominĂ© », ce qui renvoie implicitement Ă relire Kant Quâest-ce que les LumiĂšres ? et Ă penser lâaccompagnement dans le sillage socratique. [20] Le BouĂ«dec 2001 p. 35 citant Postic La relation Ă©ducative, 1994 La relation pĂ©dagogique devient Ă©ducative quand, au lieu de se rĂ©duire Ă la transmission du savoir, elle engage des ĂȘtres dans une rencontre oĂč chacun dĂ©couvre lâautre et oĂč commence une aventure humaine par laquelle lâadulte va naĂźtre en lâenfant ». [21] Voir Ă ce propos la rĂ©action de Mireille Cifali Alors on rĂȘve de ne travailler que sur demande, quâon nous choisisse âŠ. On dit quâon ne pas imposer un accompagnement. Lâautre est donc dâaccord, il nous accueille comme le sauveur ou presque â et lĂ tout va bien ! ⊠Mais comment travailler avec des personnes qui ne demandent rien, qui sont en rĂ©sistance passive, qui ne nous veulent pas âŠ, qui nâentrent pas en relation ? ». p. 145-146, Une altĂ©ritĂ© en acte â Grandeur et limite de lâaccompagnement, in Chappaz. 1998. [22] projet » et problĂšme » dĂ©signent effectivement un mĂȘme geste jeter devant » - mais ils nâont pas la mĂȘme Ă©tymologie. Le premier issu du latin jacere, jactare Ă©voque lâidĂ©e que lâon met en avant, le plan proposĂ© pour rĂ©aliser cette idĂ©e », le second issu du grec pro-ballein dĂ©signe ce que lâon a devant soi », la question posĂ©e ». [23] La notion de problĂšme est donc lâantidote Ă celle de projet, considĂ©rĂ© comme le moyen de la fuite en avant pour empĂȘcher la personne de sâattarder et dâapprofondir la situation vĂ©cue Ă lâinstant » Lepresle Claude. Le projet professionnel en formation une injonction paradoxale ». Ăducation Permanente, n° 155/2003-2, p. 141. [24] Cette expression crĂ©er les conditions » est rĂ©currente en matiĂšre dâaccompagnement car inciter quelquâun Ă faire quelque chose, câest crĂ©er les conditions pour quâil le fasse. On ne peut prĂ©dire Ă coup sĂ»r quâil va le faire, mais on augmente les chances quâil le fasse » on passe alors du convaincre par les mots Ă inciter par lâaction Wittezaele 2007. [25] On glisse, par exemple, dans les ateliers pĂ©dagogiques personnalisĂ©s APP de la notion dâ autoformation assistĂ©e » Ă celle dâ autoformation accompagnĂ©e » Thion 2003. [26] Lâaccompagnement en formation consiste-t-il Ă enseigner, apprendre ou former ? Gougeon 2003. [27] On essaie par exemple de comprendre lâaccompagnement en combinant le triangle pĂ©dagogique de Houssaye avec les postures spatialisĂ©es au-dessus, Ă cĂŽtĂ©, derriĂšre de Le BouĂ«dec Gougeon 2003. [28] Qui sauverait lĂ de lâhĂ©gĂ©monie des experts, ailleurs de la cohorte des maĂźtres, des confĂ©renciers ou des tuteurs, des enseignants, des formateurs, des animateurs. [29] Lâallongement de la durĂ©e de vie et lâentrĂ©e en vigueur de lâAllocation personnalisĂ©e dâautonomie ont entraĂźnĂ© une croissance de lâactivitĂ© de lâaide les besoins en 2015 sont estimĂ©s Ă 40 000 personnes. [30] On parle dâ accompagnement relationnel » pour dĂ©signer un soutien psychologique ou spirituel quâun soignant, un psychologue ou un bĂ©nĂ©vole apportent au patient. [31] La loi n° 99-477 du 9 juin 1999 vise Ă garantir le droit Ă lâaccĂšs aux soins palliatifs et la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 est relative aux droits des malades. [32] ConfĂ©rence de consensus Anaes 2004, document Internet consultĂ© en septembre 2008. [33] Cf. site Internet Dr Jacques Fiorentino, Expert en accompagnement aantĂ©. [en ligne] ConsultĂ© le 16 septembre 2008 [34] Lâaccompagnement des professionnels Ă lâorigine des groupes de soutien, Rapport rĂ©digĂ© par Olga Piou et ValĂ©rie Luquet pour la Fondation MĂ©dĂ©ric Alzheimer, mis en ligne le 16 juillet 2007 [35] Câest souvent dans la confrontation, la duretĂ© des Ă©changes et de la vie que se construit une identitĂ© toujours en devenir » Robin 1994, p. 72. [36] Les dispositions lĂ©gales concerneront tout dâabord les licenciements, les dĂ©parts nĂ©gociĂ©s et les transactions, et, en lien avec les lois de 2002 et 2005 dites de Modernisation sociale et de cohĂ©sion sociale, la Convention de reclassement personnalisĂ©, le CongĂ© de reclassement, le contrat de transition professionnelle depuis 2006. [37] Autrement dit, la rupture liĂ©e Ă un licenciement se double dâun contexte de crise plus ou moins existentielle Paul 2002. [38] La crĂ©ation de ces cabinets sâest multipliĂ©e depuis la Loi Aubry en 2002, exigeant que tout employeur mette en Ćuvre en cas de licenciement un dispositif de reclassement. [39] DĂ©finition issue du Cahier des charges ANPE 2006 lâANPE propose alors deux dispositifs, lâEPCRE Evaluation prĂ©alable Ă la crĂ©ation ou reprise dâentreprise dont lâaccompagnement sâorganise en six entretiens sur six semaines et lâOPCE Objectif projet crĂ©ation entreprise, prestation permettant dâĂȘtre au plus prĂšs de la problĂ©matique du crĂ©ateur potentiel pendant trois mois. [40] Issues de façon non exhaustive pour une part des thĂ©ories humanistes, de lâapproche thĂ©rapeutique systĂ©mique Ăcole de Palo Alto, centrĂ©e sur la solution, de la PNL, de lâAnalyse transactionnelle ou de la Gestalt, de la psychanalyse et du cognitivisme â et de lâautre des thĂ©ories de lâorganisation, des thĂ©ories de la contingence et de la conception systĂ©mique de lâentreprise Angel, Amar, 2005. ch. 2, p. 27-65. [41] Par exemple, le terme coaching est considĂ©rĂ© comme hors culture dans le secteur de lâĂ©ducation spĂ©cialisĂ©e. Ce qui nâempĂȘche pas certains professionnels de se demander si, tout en usant du terme accompagnement, on ne se trouve pas aujourdâhui parfois soumis aux exigences quâon prĂȘte au coaching Ă savoir la focalisation sur le rĂ©sultat Ă atteindre au dĂ©triment du respect du projet de la personne. On voit comment la diffusion de malmĂšne les appartenances et donc les identitĂ©s professionnelles. [42] Lâexpression pair Ă©mulation » est la traduction du terme anglophone peer counseling ». Originaire des Ătats-Unis, la pair Ă©mulation » a Ă©tĂ© reconnue lors des premiĂšres journĂ©es nationales pour la Vie autonome, comme une contribution majeure et novatrice en faveur dâune autonomie maximale des personnes handicapĂ©es. [43] Selon une formule de Bloom citĂ©e par Revault dâAllonnes 2008. [44] Avenier Marie-JosĂ© dir.. 2000. IngĂ©nierie des pratiques collectives - La CordĂ©e et le Quatuor - Cahiers dâĂ©tudes du Cueep, n° 50-51, avril 2003. [45] Conception de Piaget citĂ©e par Le Moigne 2000 p. 10. [46] François Jullien citĂ© par Deshaies 2000 p. 152. [47] Boutinet 1998 p. 149 La redĂ©couverte des opportunitĂ©s peut ĂȘtre une façon de redonner consistance Ă lâaction elle-mĂȘme en dĂ©veloppant une temporalitĂ© non plus du temps nĂ©cessaire, ce temps dĂ©terministe, mais du temps contingent Ă lâĂ©vĂ©nement favorable ; car lâart de lâaction est bien celui du kairos prendre une dĂ©cision au moment opportun, dĂ©velopper une action en sachant utiliser des circonstances appropriĂ©es ». [48] François Jullien citĂ© par Deshaies 2000 p. 152. [49] Christophe Dejours 2004 p. 40 citĂ© par Cros 2005, p. 10. [50] Giust-Desprairies Florence. 2003, p. 18 citĂ©e par Vial 2007, p. 105. [51] Bourdieu Pierre. 1984. Questions de Sociologie. Paris Ăditions de Minuit [52] Beauvais Martine 2004, p. 109 citĂ©e par Vial 2007 p. 155 [53] Selon la belle formule de Florence Just-Desprairies, citĂ©e par Vial 2007. [54] On comprend quelle contribution pourrait ĂȘtre celle qui ne dĂ©ploierait lâaccompagnement quâen termes de processus de subjectivation de plus en plus sophistiquĂ©s. [55] Non en termes de normativitĂ© externe mais dâexigence intĂ©rieure.
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